Nous sommes en 1941, sous le règne de… Napoléon V ! L’humanité, privée de scientifiques depuis de nombreuses années, n’a pas évolué comme nous l’avons appris dans les livres d’histoires :**faute d’inventions, le monde est resté bloqué à l’âge de la machine à vapeur et du charbon.**
Dans ce monde gris, on suit le parcours d’Avril, une adolescente qui, avec son chat Darwin, part à la recherche de ses parents, deux scientifiques qui ont mystérieusement disparu. **Le film est une réflexion sensible et ludique sur l’usage de la science et du progrès technique.**
Ce dessin animé, qui a obtenu le **Cristal du long métrage au dernier festival du film d’animation d’Annecy** , tient toutes ses promesses. On se prend au jeu de la course-poursuite entre Avril et ses ennemis. On apprécie l’humour des dialogues et des voix (mention spéciale à **Philippe Katerine** dans le « rôle » du chat Darwin, et à **Jean Rochefort** pour sa composition de grand-père malicieux). On savoure les clins d’œil à l’univers de Jacques Tardi (guettez l’apparition d’Adèle Blanc-Sec…) et, surtout, on retrouve avec plaisir son graphisme, même s’il a été un peu simplifié.
Jacques Tardi :
> Il faut accepter que son dessin subisse un certain nombre de transformations parce qu’il va être appelé à être multiplié à l’image. Dans mes dessins, par exemple, je ne m’occupe pas du regard de mes personnages. Mais dans le film, on ne pouvait pas s’en passer parce que le regard va contribuer à exprimer une émotion.
Pour la représentation du téléphérique, il a fallu résoudre un certain nombre de problèmes pour donner l’impression qu’il fonctionnait à la vapeur… **Le téléphérique a été conçu en 3D, parce que même si on ne le voit pas beaucoup, on va tourner autour.**
2 min
Tardi - Avril - adaptation dessin
Pour cette première adaptation de son univers en dessin animé, le dessinateur a confié une sorte de storyboard**à Christian Desmares** . L’animateur a relu toute l’œuvre de Tardi, et beaucoup discuté avec lui avant de choisir parmi ses différents types de dessins :
> J’ai choisi l’option « couvertures de bande dessinée » comme_Le Cri du peuple_ ,_Le Der des ders_ , ou les _Nestor Burma_ (_120 rue de la gare, Brouillard au pont de Tolbiac_ …) : elles sont plus travaillées avec un lavis et de la matière. Cela me paraissaît assez riche graphiquement, et intéressant sur le plan cinématographique. Ce sont des images très contrastées qui correspondent bien au cinéma qui inspire Tardi : les films des années 1940, les polars noirs et l’expressionnisme allemand.
1 min
Desmares - Avril - dessin
### Bonus :
Jacques Tardi commente la scène ci-dessous :
> Au départ, on fait un plan. Il faut respecter la topographie, l'échelle...