A la Ferme du buisson à Noisiel (Seine-et-Marne), une exposition met à l’honneur l'auteure de BD anglaise, créatrice de "Gemma Bovery", "Tamara Drewe" et, récemment, "Cassandra Darke"…
Dans l’entrée de l’exposition, deux images accolées de Posy Simmonds : les sept âges de l’homme, toujours en tee-shirt blanc, bermuda bleu et basket du stade de bébé à celui de retraité bedonnant, tandis que, les sept âges de la femme la voient passer de la petite fille à la bimbo, en passant par la femme de ménage, la sorcière, la vamp, la châtelaine, la super-héroïne…

Ces deux dessins résument l’oeuvre de l'auteur de BD anglaise : humour, élégance du trait et art de faire passer l’air de rien son féminisme et son souci de l’égalité. « J’ai eu très tôt conscience des inégalités hommes/femmes, raconte Posy Simmonds :
A 18 ans, j’ai eu un job d’été chez Harrod’s, et de voir les garçons payés trois livres de plus que moi pour un travail égal, m’a marqué…
Dans son dernier livre, Cassandra Darke paru chez Denoël, ce sont les inégalités dans Londres qu’elle évoque : "Les riches sont de plus en plus riches, et ils le montrent tandis que le nombre de SDF et la longueur de la file à la banque alimentaire augmentent". Dans l’exposition, derrière la frénésie des achats de Noël, on ouvre des portes pour découvrir des dessins de SDF dans la capitale anglaise.

C’est parce qu’elle habitait près d’une base américaine que Posy a eu très tôt accès à des comics, et est venue à la BD : "J’aimais cette articulation de textes et d’images". Elle a également beaucoup lu Punch magazine (magazine satirique anglais créé au XIXe), et s’est formée dans une école de graphisme et grâce à la lecture des dessins de Ronald Searle.

Plus loin dans l’exposition on mesure l’ampleur du talent de Posy Simmonds : en plus de la BD, elle a été dessinatrice de presse, entre autres, pour le Guardian. Elle s'y montre piquante, ou émouvante quand il s’agit de la guerre en Irak. Elle a également publié des ouvrages pour la jeunesse.
Posy Simmonds, qui voulait être peintre, a démarré très jeune : "J’ai commencé à dessiner vers trois ans et vers sept ou huit ans, j’ai fabriqué des comics pour faire rire mes frères mais aussi pour moi." On peut en voir quelques exemplaires touchants dans l’exposition : le dessin est déjà maîtrisé et les femmes sont déjà à l’honneur.

Aujourd’hui, elle publie Cassandra Darke.
Zoom sur son dernier livre le diabolique "Cassandra Darke"

Après Gemma Bovery variations libres autour de l’héroïne de Flaubert (adaptées au cinéma par Anne Fontaine en 2014), après Tamara Drewe, sur une communauté d’écrivains chamboulée par l’arrivée d’une jeune femme, Prix ACBD 2009 (également adapté au cinéma, par Stéphen Frears en 2010), Posy Simonds nous propose un nouveau personnage féminin haut en couleurs.
Cassandra Drake est une anti-héroïne : sans cœur, égoïste, âgée, obèse, riche, et odieuse avec tout le monde ou presque… Un personnage qui rappelle celui de Scrooge dans Un Conte de Noël de Dickens, et auquel on finira par s’attacher. La plus française des auteures anglaises, nous entraîne dans ce polar sur fond de décors londoniens et de galeries d’art. Son dessin très évocateur s’arrêtant sur des détails - une assiette de frites, un gant… -, mêlé à son humour très british font de ce livre entre roman et BD, un très bon moment de lecture.
Comment j’ai dessiné Cassandra Darke, la leçon de dessin de Posy Simmonds
Cassandra Darke de Posy Simmonds est paru chez Denoël. Toujours chez le même éditeur, lire la magnifique biographie de Posy Simmonds So british ! par Paul Gravett.
🎧 Osez Posy Simmonds, dans Boomerang
Le Brexit selon Posy Simmonds
Et aussi à ne pas manquer au PULP, une magnifique immersion dans l’univers de l’album Les grands espaces de Catherine Meurisse

Revoir : "Comment j’ai dessiné Les grands espaces", la leçon de dessin de Catherine Meurisse
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