L’auteur du "Chat du rabbin" et celui de "Quai d’Orsay" (Fauve d’Or Angoulême 2013) s’allient pour tricoter une très belle suite aux aventures du Lieutenant Blueberry de Jean-Michel Charlier et Jean Giraud.
Deux femmes indiennes sont tuées après une tentative de viol sous les yeux de Blueberry. Le lieutenant part à la recherche des meurtriers, deux jeunes blancs. Amertume Apache pourrait ressembler à un pur coup de marketing en pleine mode des revival, histoire de renouveler le succès du héros de western crée par Jean-Michel Charlier et Jean Giraud.
Heureusement, une fois l’album en main, c’est l’inverse que l’on ressent. Le superbe dessin de Christophe Blain se met respectueusement dans les pas de ceux de Jean Giraud - « Jean Giraud, est un Dieu, dit-il, je n’ai même pas essayé de me mesurer ». Un coup de crayon, fidèle à l’univers et aux codes de l’original, mais dans lequel, on retrouve toute la finesse, et la précision de Blain.
Cela n’a pas été facile pour le dessinateur. Il s’y est d’ailleurs repris à deux fois, recommençant tout au bout de trente pages. Son lieutenant mis au goût du jour reste beau. Les héroïnes, au visage parfois inspiré de personnes réelles (comme Jeanne Moreau), à l'instar du Blueberry des débuts qui évoque Jean-Paul Belmondo, sont crédibles. Les décors sont simples, et d’inspiration cinématographiques pour le meilleur.
L’histoire, imaginée par Joann Sfar, avec Christophe Blain, modernise le héros. Les femmes y sont présentes, et tiennent un vrai rôle. Tout comme les Indiens : Amertume est Apache. Le fait divers pour lequel Blueberry s’engage dans l’aventure est quasiment féministe.
Blueberry prend un coup de jeune, mais ne trahit pas l’esprit des créateurs. L’histoire est littérale, simple, sans l’être trop. Un très bel hommage qui se lit avec grand plaisir.
Comment j’ai dessiné Blueberry, la leçon de dessin de Christophe Blain
Voir une planche d'Amertume apache, une aventure du Lieutenant Blueberry
Amertume Apache, une aventure du Lieutenant Blueberry par Joan Sfar et Christophe Blain chez Dargaud