Bernard Toulier, conservateur général honoraire du patrimoine, explique en quoi la reconstruction de la cathédrale parisienne va nécessairement poser des questions philosophiques, techniques et écologiques.
Quels sont les enjeux de la reconstruction à venir ? Pour le conservateur général honoraire du patrimoine, elle pose en tout cas des questions qui ne sont pas si faciles à trancher. "Est-ce qu'on refait à l'identique, et de quel identique s'agit-il ?", demande plus largement Bernard Toulier. "Est-ce qu'avec la matière du XXIe siècle, on peut refaire totalement à l'identique ? Non."
Il évoque ainsi la question du bois utilisé à l'époque : "On ne pourra pas trouver les bois de cette époque-là, ni même ceux du siècle dernier". Et même si l'on avait déjà le bois nécessaire sous la main, il resterait la question du "savoir-faire" : "C'est une question plus philosophique qu'une question technique... Est-ce qu'on va refaire la charpente avec les mêmes assemblages ?"
1 300 chênes abattus pour la construction
Peut-on envisager, pour aller plus loin, de reconstruire cette cathédrale en "l'améliorant" ? Par exemple, en consommant moins de matières premières qu'à l'époque de sa construction : la charpente de bois avait nécessité d'abattre 1 300 chênes, ce qui représente plus de 21 hectares de forêt. "Des écologistes pourraient dire : est-ce qu'on a besoin d'autant de bois ? Est-ce qu'aujourd'hui, avec moitié moins de bois, on ne pourrait pas avoir une sécurité suffisante pour faire la toiture ?" Et jusqu'à quel point pourrait-on considérer que cela "trahit" l’œuvre initiale ?
Bref pour Bernard Toulier, avant toute action concrète, il faudra répondre à la question "En quoi consiste l'identité de notre cathédrale ?" Une question à laquelle les différents projets qui seront présentés devront apporter leurs réponses.
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