À l'occasion des 350 ans de l’Opéra de Paris, une installation signée du plasticien Claude Lévêque, fait grincer des dents. Des œuvres prévues pour rester durant une année à l'intérieur de ce temple français de l'art lyrique.
Pour commémorer ses 350 ans, l'Opéra Garnier a donné carte blanche à Claude Lévêque qui a représenté la France à la Biennale de Venise en 2009 avec son installation "le Grand Soir".
Sans chercher la provocation, l'artiste a créé plusieurs installations autour de la thématique des "Saturnales".
Au-dessus des escaliers, il a installé deux très grands pneus de tracteur. Et ces pneus qu'il a dorés, sont tellement intégrés au décor de l'Opéra, que les spectateurs ne les remarquent pas. Même les spectateurs les plus hostiles à ce type d'intervention artistique dans les lieux du patrimoine.
Mais quand on leur fait remarquer : "Je ne suis pas très fan", confie ce spectateur. "Que viennent faire des pneus dans ce si beau lieu", "L'Opéra est beau comme il est, il n'a pas besoin qu'on lui rajoute quelque chose" disent les uns...
Mais beaucoup de jeunes et de moins jeunes admirent et font même des selfies. "Ça casse les codes, c'est une super initiative, de toute façon, le public de l'Opéra est très conservateur", répondent des spectateurs qui apprécient cette image décalée des pneus dans ce temple de l'art lyrique.
Avec ses "Saturnales", Claude Lévêque, ancien punk, ose le pas de côté : il sublime le trivial et métamorphose le patrimoine.
Serein mais choqué par les critiques violentes qui ont circulé sur internet Claude Lévêque, artiste radical, loin de toute tiédeur consensuelle, explique sa démarche : "J'ai vraiment cherché des éléments pour créer de la métamorphose et pour m'inscrire dans cette architecture, pour jouer avec. C'est une espèce d'élément de couronnement qui part donc d'un pneu, objet très trivial dans notre univers industriel. En même temps, un pneu, c'est une forme, c'est une sculpture qui marque le mouvement. Ces anneaux, c'est la question du mouvement, de la danse, la danse perpétuelle de ce lieu extraordinaire".
En dessous des escaliers, Claude Lévêque a également métamorphosé "la Rotonde des abonnés" avec la suspension d'anneaux de Saturne en néon bleu qui nous plonge dans une rêverie cosmique...
Et il a baigné la statue de de la Pythie dans une lumière rose fuchsia très pop.
La pythie est une prophétesse qui interprétait les paroles divines, devait d’abord respirer des vapeurs qui se dégageaient des sources sous le temple de Delphes jusqu’à la transe et dans un état d'extrême sensualité. Ces vibrations roses devraient aussi la mettre dans tous ses états.
À chaque époque l'art a bousculé, les codes, déréglé les regards et transgressé les valeurs et c'est ce que l'on attend de lui. Ces installations de Claude Lévêque font déjà partie de la légende de l'Opéra de Paris.