Le Livret A a 200 ans. Malgré un taux d'intérêt historiquement bas, il reste incontournable pour les Français. C'est en quelque sorte l'ancêtre du crowdfunding...
C'est en 1818 que le premier livret d'épargne a été mis en circulation.
À Paris, rue Richelieu, les premiers livrets devaient inciter les nouvelles classes bourgeoises à faire des économies. Six mois plus tard, 352 livrets circulent et ont recueilli quelque 55 000 francs de l'époque. En 1830, on en est à 100 000 livrets, 2 millions en 1870, 56 millions en 2018.
Le financement participatif au cœur du XIXe siècle
Chemins de fers, maillage des canaux fluviaux, logements, le livret A c'est le financement participatif au profit de l'État et de ses grandes missions de constructions au service de tous. Dans les années 40, il a permis l'électrification des zones rurales, puis après guerre, il a été affecté au développement du parc de logements sociaux et des hôpitaux. Aujourd'hui encore, s'il ne rapporte plus à personne, au regard de son taux historiquement bas, il profite à tous.
Son taux fixe, son plafond et son absence de fiscalisation ont souvent fait débat, mais n'ont quasiment jamais été remis en cause. Il a longtemps été l'objet d'un conflit acerbe entre les Caisses d'Épargne, premières et exclusives émettrices, et les banques.
Le taux du Livret A, de 5% en 1818, a varié selon les époques, allant jusqu' à 8,5% à la fin des années 1970. De longs débats ont amenés le gouvernement à « déconnecter la fixation de considérations d’ordre politique et (…) protéger les intérêts des épargnants en particulier de l’inflation ».
À partir du 1er février 2020, la méthode de calcul du taux du livret A sera modifiée. Les épargnants craignent une perte de pouvoir d'achat. Et quid de la construction de logements sociaux ?