Aujourd’hui c’est l’histoire du procès Flaubert que Stéphanie Duncan vous raconte

L’incroyable procès qu’en 1857 la justice aux ordres de Napoléon III intenta à l’auteur de Madame Bovary, ce roman iconoclaste, toujours moderne… Portrait d’une femme sensuelle, Emma Bovary, rêveuse et mal mariée, adultère, et qui n’éprouve pas l’ombre d’un sentiment de culpabilité.

« Je vous annonce que demain 24 janvier 1857, j’honore de ma présence le banc des escrocs ; sixième chambre correctionnelle, 10 heures du matin. Les dames sont admises. Une tenue décente et de bon goût est de rigueur. » écrit, la veille du procès, le jeune écrivain, pourfendeur féroce des médiocrités de la vie bourgeoise. Le ton est railleur, mais Flaubert n’en mène pas large, poursuivi qu’il est pour outrage à la morale publique et religieuse.
Prison, amende, interdiction de son premier roman... Il risque gros, il le sait.
Les écrivains sont dangereux. De Candide de Voltaire mis à l’index par l’Église, à Vie et Destin de Grossman, dont le manuscrit fut détruit par le KGB, le pouvoir politique et religieux a toujours su la force subversive de la littérature.
L'invité de Stéphanie Duncan est Pierre-Marc de Biasi , plasticien, écrivain et chercheur au CNRS. __
On ne change pas le sang d'un livre (Flaubert)
'Madame Bovary au tribunal ', une fiction de Mohammed Aïssaoui

Avec :
Guillaume Durieux : Gustave Flaubert,
Joachim Salinger : Ernest Pinard,
Marie-Armelle Deuguy : Elsa Schelinger,
Bruno Abraham-Kremer : Jules Senard.
Bruitages : Bertrand Amiel
Prise de son montage et mixage : Jehan Richard-Dufour, Yacine Monnet
Assistant à la réalisation : Félix Levacher
Réalisation : Cédric Aussir
Une émission à suivre et partager sur Facebook
Gustave Flaubert (édits : Le livre de poche)

Une manière spéciale de vivre
Qu'est-ce qu'une vie d'écrivain ?
Une enfance, des amours, des voyage, des amitiés, des soucis d'argent, des succès, des revers... Tout cela a-t-il quelque chose à voir avec l’œuvre, l'écriture, le style ? Qu'est-ce qui fait que cette vie-là est celle d'un écrivain ? Ces questions deviennent cruciales quand on aborde une figure comme celle de Gustave Flaubert. Son œuvre a révolutionné le romanesque au nom de nouvelles exigences - l'impersonnalité, le refus de conclure, la relativité des points de vue - qui installent au cœur de son écriture une figure du vide : « Personnalité de l'auteur : absente. »
Pour l'écrivain, l’œuvre est tout, l'auteur n'est rien. Le problème s'aggrave si l'on considère l'autre aspect des choses : le versant « guenilles » de sa vie. Chacun peut se faire une idée très précise de son agenda en se plongeant dans les cinq mille pages de sa Correspondance. À l'impersonnalité structurale de l’œuvre répond une exceptionnelle réussite de l'écriture du quotidien, profonde, cinglante, émouvante...
C'est en jouant sur ce double registre que Pierre-Marc de Biasi ressuscite ici son Flaubert. De l’œuvre à l'existence, en perpétuel aller-retour. Avec, entre les deux, « une manière spéciale de vivre »...
