Deux jours avant la rentrée des classes, découvrons les souvenirs d'un cancre devenu écrivain...
"- Tu crois qu’il s’en sortira un jour ?
C’est que je fus un mauvais élève et que Maman ne s’en est jamais tout à faire remise. Aujourd’hui que sa conscience de très vieille dame quitte les plages du présent pour refluer doucement vers les lointains archipels de la mémoire, les premiers récifs à ressurgir lui rappellent cette inquiétude qui la rongea pendant toute ma scolarité. Très tôt mon avenir lui parut si compromis qu’elle ne fut jamais tout à fait assurée de mon présent. »
Cette scène croquée avec tendresse ouvre l’un des livres les plus célèbres de Daniel Pennac, Chagrin d’école, paru il y a tout juste dix ans.
Dix ans, comme l’âge de son personnage principal, à mi-chemin sur le long calvaire de la scolarité : un garçon réfractaire à toute forme d’apprentissage, qui n’est autre que l’auteur lui-même ; un enfant affublé, à l’époque de ses hauts faits, du titre de « cancre » de la famille...
A travers ce livre, - faut-il l’appeler roman, essai, tentative d’autobiographie ? – l’écrivain retrace le parcours du combattant que fut, pour lui, le passage du statut de « mauvais élève » à celui de professeur. Autant dire : comment une forte tête, passée maître dans l’art d’ouvrir le coffre-fort paternel (l’anecdote est véridique !), a pu accepter de « passer à l’ennemi »...
Ce soir, ouvrons ce livre au ton facétieux, parfois mélancolique, souvent révolté, qui donne à réfléchir sur les dysfonctionnements de l’Enseignement, et nous invite aussi à déceler un mal récurrent derrière l’échec scolaire : l’indifférence à l’autre, dans une société marchande de plus en plus brutale..
Extraits sonores:
"Le maitre d'école" de Claude Berri (1981)
"Les Quatre Cents coups" (1959) et "L'argent de poche" (1976) de François Truffaut
et la voix de Daniel Pennac extraite des archives de l'INA