Un hymne à la jeunesse, un James Dean au féminin.
Adieu tristesse
Bonjour tristesse
Tu es inscrite dans les lignes du plafond
Tu es inscrite dans les yeux que j'aime
Tu n'es pas tout à fait la misère
Car les lèvres les plus pauvres te dénoncent
Par un sourire
Bonjour tristesse
Amour des corps aimables
Puissance de l'amour
Dont l'amabilité surgit
Comme un monstre sans corps
Tête désappointée
Tristesse beau visage.
C’est ce poème de Paul Éluard qui a inspiré le célèbre roman de Françoise Sagan, Bonjour tristesse, publié en 1954.
À l’époque où elle l’écrit, Françoise Quoirey – de son vrai nom – n’a que dix-sept ans. Mineure, c’est son père qui signe le contrat d’édition qui lui apporte la notoriété. Elle se choisit comme nom de plume le patronyme d’un personnage de son écrivain de prédilection, Marcel Proust. Dans La Recherche, le prince de Sagan apparaît comme un original qui se rend en automobile aux fêtes de la duchesse de Guermantes.
À la parution du livre, François Mauriac salue dans la presse le talent de celle qu’il surnomme « le charmant petit monstre ». Une légende est née : celle d’une jeune femme libre et provocante, aimant le luxe, les voitures de sport, et les jeux d’argent.
En 1957, un terrible accident de voiture la laisse entre la vie et la mort, faisant de la jeune fille le symbole d’une génération insouciante, un James Dean au féminin.
L’été suivant, elle gagne au Casino de Deauville une coquette somme, et s’offre un château près de Honfleur, où elle donne de somptueuses fêtes.
Éternelle adolescente au physique androgyne, Françoise Sagan immortalise dans ses livres cette jeunesse aisée et désinvolte qui veut vivre à cent à l’heure, sillonnant la France de la côte normande à la côte d’Azur, de casinos en boîtes de nuit, de virées nocturnes en plages écrasées de soleil...
Ce soir, parcourons ce court roman qui a fait scandale, non pas tant parce qu’il relate le premier amour d’une jeune fille en fleurs, que parce qu’il nous donne à voir la tentation du mal chez une adolescente en mal de vivre...
La programmation musicale
Wendy Lee Taylor : Bonjour Tristesse
Alain Souchon : Bonjour Tristesse
Jane Birkin : Pull Marine
La voix de Françoise Sagan est extraite des émissions suivantes (archives INA ):
Rendez-vous à 5 heures, émission du 7 avril 1954 (avec Pierre Desgraupes) : l'écriture du livre
Radioscopie 14/06/1974 : la fidélité
Interview par Luc BERIMONT en 1957 : Je ne crois pas que ce que j'ai écrit soit tellement désespéré
Entretien Jacques Paugam 05.01.1973 : La mort, ce n’est pas convenable
Également des extraits de Bonjour tristesse d'Otto Preminger (1958)