Ils sont de plus en plus nombreux dans les cortèges, à mesure que le nombre de blessés augmente. Reconnaissables à leurs chasubles blanches, les street medics apportent les premiers secours en cas de blessures graves et soulagent les yeux endoloris par les gaz lacrymogènes.
Tous les samedis, Yann et son équipe sont présents dans les manifs en Lorraine. Infirmiers ou secouristes de formation, ils se sont également formés à la médecine tactique, des principes de soins d’urgence dans des environnements hostiles, pour mieux prendre en charge les blessés.

Tirs de LBD, éclats de grenade de désencerclement, jets de pierre, ou détresses respiratoires aiguës provoquées par les gaz lacrymogènes, les blessés plus ou moins graves émaillent désormais toutes les manifestations des Gilets Jaunes.

Sur Médiapart, Allô Place Beauvau ? C’est pour un bilan (provisoire), le journaliste David Dufresne continue de tenir le compte des blessés. Il dénombre à ce jour 522 signalements, 1 décès, 214 blessures à la tête, 22 éborgné-es, 5 mains arrachées. Et parmi les blessés, 14 médics. De son côté, l'association Desarmons-les recense environ 1 400 tirs de LBD40 au cours des quatre mois de mobilisation des Gilets Jaunes et 2 200 blessés au total depuis le début du mouvement.

Si les dégâts causés par les tirs de LBD 40 et les GLI –F4 sont bien connus, personne ne connait les risques réels d’une exposition régulière aux gaz lacrymogènes. Il n’existe pas d’obligation légale de recenser le nombre de ses victimes, ni d’évaluer sa toxicité. Pourtant les dégâts que le gaz lacrymogène occasionne sont nombreux : brûlure de la peau, troubles de la vue, compression des poumons, toux, nausée, vomissements. Ils sont également mis en cause dans des problèmes musculaires et respiratoires à long terme.

Mi-février, le Conseil de l’Europe tout comme l’Organisation des Nations Unies ont dénoncé un « usage excessif de la force » à l’encontre des Gilets Jaunes, et l’ONU a demandé à la France une enquête approfondie sur les violences policières.

Les street medics, eux, continuent de recenser tous les blessés et de transmettre ces données à l’ONU.
Un reportage de Charlotte Perry.
Les liens
"Gaz lacrymogène, des larmes en or" - Le Monde diplomatique
Répression, l'Etat face aux contestations politiques, Vanessa Codaccioni (éditions Textuel)
Notre entretien avec le politologue Sébastien Roché sur la banalisation des violences policières.
Programmation musicale
"C'est normal" Brigitte Fontaine & Areski