A 14 ans, Slavi n'a jamais connu de logement décent. L'enfance de ce jeune Rom, rythmée par les expulsions à répétition, est emblématique du sort réservé à cette communauté. Pourtant, Slavi se bat pour continuer d’aller à l'école, coûte que coûte.
Arrivé de Bulgarie avec ses parents à l'âge de six ans, Slavi Miroslavov a passé son enfance entre bidonvilles et toutes sortes de logements précaires. Hôtels sociaux, voiture, tente, du haut de ses 14 ans, Slavi a déjà tout connu sauf la stabilité d'un logement pérenne. Convaincus que seule l'école pourra lui permettre de sortir de l'extrême pauvreté, Slavi et sa famille se battent pour qu'il puisse continuer sa scolarité.
Mais les obstacles sont nombreux, à commencer par les papiers administratifs que réclament les municipalités, et notamment l'attestation de domicile, difficile à obtenir lorsque l'on vit à la rue. Viennent ensuite les heures de trajets quand, par chance, le 115 répond et qu'un hôtel social est disponible pour quelques nuits, mais à plus de 50 km de son école. Le manque d'hygiène, le froid, la faim, l'instabilité de sa situation font qu'il a souvent dû renoncer à se rendre en classe. Sans jamais abandonner.
Scolarisé en classe de 4ème dans un collège de Bobigny, Slavi doit aussi faire face au racisme et aux moqueries des autres élèves. L'adolescent s'accroche pourtant car il a un rêve: devenir pompier professionnel. Un rêve né suite à l'incendie qui a ravagé le bidonville des Coquetiers où il vivait et où son amie Mélissa, 7 ans, a péri en 2014. Alors il continue de se battre au nom de son amie trop tôt partie et pour tous les autres enfants qui, comme lui, ne peuvent aller à l'école normalement.

Membre actif du collectif "L'Ecole pour Tous", parrainé par Anina Ciuciu - avocate Rom ayant elle-même grandi dans un bidonville -, Slavi s'est rendu à l'Assemblée nationale pour interpeller les députés sur la situation de 100 000 enfants privés d'école. Avec le collectif, il a également écrit une lettre au Ministre de l'Education Nationale, Jean-Michel Blanquer, pour demander la simplification des documents administratifs à fournir pour l'inscription à l'école, et l’instauration d’une "trève scolaire" pour faire cesser les expulsions pendant l'année scolaire, ainsi que d'autres mesures qui permettraient qu'aucun enfant ne soit exclu de l'école de la République. Un courrier pour l'instant resté sans réponse.
Pour en savoir plus:
- La page Facebook du collectif Ecole pour Tous
- Le site de l’Aset93
- La Vie de Slavi, une série de reportages de Marie Picquemal, dans Libération