Quatre jeunes New-Yorkaises font leur entrée dans l'âge adulte. La talentueuse et précoce Lena Dunham signe la série féminine la plus marquante de la décennie.
Brooklyn, début des années 2010. Hannah, qui aspire à devenir romancière, vit en collocation avec Marnie, qui aspire à devenir chanteuse. Non loin de là, la très naïve Shoshanna héberge sa cousine Jessa, excentrique et instable. Les quatre amies ont la vingtaine, et un point commun : elles ont beaucoup de mal à trouver un boyfriend qui les rende heureuses.
Les déboires amoureux de quatre New-Yorkaises, ça rappelle évidemment une autre série : Sex and the City. D'ailleurs, dès le premier épisode de Girls, une allusion est faite à la glorieuse aînée, comme pour mieux s'en éloigner ensuite.
Girls est beaucoup moins bling bling, les héroïnes s'habillent dans des friperies et font des petits boulots pour payer leur loyer. Girls est beaucoup plus acide, plus impudique, surtout.
L'image est très belle aussi. Une mise en scène inspirée du cinéma indépendant, qui tranche avec les précédentes séries féminines.
La responsable de tout ça ? Lena Dunham
Elle n'avait pas encore 25 ans, quand la prestigieuse chaîne HBO lui a donné les pleins pouvoirs. Productrice, scénariste, réalisatrice et actrice principale aussi, puisque Lena devient Hannah dans Girls. Hannah est une jeune fille complexée, anxieuse, et surtout très narcissique.
Girls a aussi servi de rampe de lancement à un formidable comédien, Adam Driver, qui est maintenant l'un des acteurs les plus en vue d'Hollywood. Il a tourné pour Soderbergh, Scorsese, Jarmusch, les frères Cohen. C'est aussi Kylo Ren, le méchant dans la nouvelle trilogie Star Wars. Adam Driver joue ici un personnage un peu misanthrope, et en tout cas inadapté à la vie en société.
C'est en fait le cas de tous les protagonistes de Girls.
Pas très heureux, pas à leur place, pas forcément sympathiques
Et c'est justement ce qui fait la force de Girls. Ne pas chercher à séduire à tout prix. Ne pas promettre de happy end.
Les névroses et l'individualisme d'Hannah et ses presque sœurs reflètent très bien l'état d'esprit d'une partie de la jeunesse dans les grandes métropoles mondialisées.
Bien sûr, comme dans de nombreuses séries, il y a un certain essoufflement lors des deux dernières saisons. Mais il FAUT rester jusqu'au bout ! Notamment pour le génial épisode intitulé "American Bitch".
Huit mois avant que n'éclate l'affaire Weinstein, Lena Dunham dénonce la culture du viol
Le personnage d'un écrivain à succès accusé d'agressions sexuelles et qui se dit victime d'une campagne de calomnie, pose très clairement la question du consentement.
Girls est une série incontournable.
Avec son nombrilisme et ses héroïnes qui ne savent pas ce qu'elles veulent, bien sûr que Girls est parfois une série énervante. Mais sa sincérité, son audace, ses scènes de sexe pas très glamour, son pessimisme, ont ouvert la voie à de nombreuses séries récentes, dont la liberté de ton doit beaucoup à Hannah, alias Lena.