Cristèle traque depuis toujours les histoires de famille en lien avec l'émigration depuis la région très pauvre de sa mère au Nord Est du Portugal. Elle filme depuis des années les tabous, les rituels magiques de sa grand-mère sorcière et les traditions de son village. Avec la pandémie, les rituels évoluent.
Cristèle Alvès Meira fait des films pour mettre en image les étés de son enfance au Portugal. La jeune réalisatrice se questionne sur ce que l'on garde en soi d'un pays quand on est enfant d'émigrés. Une interrogation qui ne va pas de soi pour elle. Enfant, elle était française de septembre à juin et portugaise l'été quand sa mère l'envoyait chez sa grand-mère à la campagne.
Ses parents font partis de la vague d'immigration portugaise de 1968. Installée à Montreuil avec sa famille, elle s'établit à Paris dès le lycée privé. A l'époque, elle veut faire du théâtre. C'est à cette époque que la question de la double nationalité se pose. Elle signe sa première mise en scène de son prénom en portugais : sans H, et avec un seul L. Cristèle.
A l’école on m’a appris à écrire Christelle à la française : C.H.R.I.S.T.E.L.L.E.
Elle se lance ensuite dans le cinéma, raconte le décalage avec sa famille portugaise : sa grand-mère décédée en volant des figues à son voisin ou sa mère qui a toujours gardé un livre dans son sac à main pour cacher son alphabétisme. Depuis le début de la crise sanitaire, Cristèle ouvre son cinéma à de nouvelles questions : comment garder le lien avec ses proches quand on ne peut plus les rejoindre? Son film 'Tchau tchau' a donc été tourné avec toute sa famille, à distance, via ZOOM.
Cristèle Alves Meira fabrique des films à partir de ce qu’elle a vu et entendu dans un pays qui n’est pas le sien, dans le pays de ses parents et de ses grands-parents : le Portugal. Pour cela, elle puise dans les anecdotes mais aussi dans les non-dits.
C’est comme si je sortais les fantômes du placard et que j’apprenais à leur parler
Avoir assisté enfant aux rituels, avoir observé les traditions, lui ont donné toute sa vie, la sensation d’être reliée à ces montagnes, l’envie de s’y ancrer avec des films, l’envie de raconter les histoires de ces familles marquées par l’émigration.
Le verbatim par Claire Braud
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Pour aller plus loin
- Une rencontre avec Cristèle Alves Meira pour le le cinéma Le Club
- La biographie de Cristèle issue du site officiel des César
- Un entretien avec Cristèle du Clermont Film Festival autour de « Invisible héros »
- Sur les débuts de l'artiste au théâtre...
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