
Il y a le constat, par définition froid, et la réalité qui est, elle, abominable, totalement intolérable mais honteusement tolérée. Le constat est que le deuxième round des négociations sur la Syrie s’est achevé ce week-end sans l’ombre d’un quelconque progrès et sans qu’une date n’ait pu même être fixée pour une reprise des discussions. Ces négociations ont deux parrains, les États-Unis et la Russie. Elles sont menées sous l’égide de l’Onu, c’est-à-dire de l’ensemble des pays du monde. Le monde entier vient de laisser le pouvoir syrien refuser, bloquer, toute avancée sur la voie d’un compromis permettant de mettre terme à bientôt trois années d’horreur.
C’est un scandale en soi mais le pire est que, depuis l’ouverture de ces négociations, en moins d’un mois, la répression a fait 5000 morts de plus, que l’on continue, en Syrie, à torturer des enfants devant leurs parents, que le largage sur des zones d’habitation de barils d’explosifs par l’aviation du régime s’est maintenant étendu à une dizaine de villes et agglomérations et que l’opération humanitaire que le pouvoir a finalement acceptée à Homs se solde par une abjecte comédie.

Non seulement la dictature n’a laissé entrer dans cette ville affamée que très peu de secours alimentaires, non seulement elle a interdit le passage de tout matériel médical mais elle a arrêté les hommes qui sortaient de cet enfer avec leurs familles, elle a arrêté des civils auxquels étaient accrochés des enfants sous le prétexte de leur dispenser, c’est une citation de porte-parole officiels, « des cours d’instruction religieuse afin de modifier leur interprétation erronée de l’islam ».
La dernière fois que des hommes ont été ainsi publiquement séparés de leurs familles, c’était à Srebrenica et les corps de ces hommes avaient été retrouvés dans des fosses communes.
