Le titre (qu’il faut nous expliquer) de votre chronique ce matin : trois informations économiques à double-fond.
Il y a des jours où aucun sujet ne s’impose comme incontournable à l’œil de l’éditorialiste, des jours où aucun événement économique ne donne envie d’y consacrer trois minutes complètes, il y a des jours où les idées - tout simplement - ne viennent pas. Les charmes de la pause fiscale et de la conjoncture finissant par fatiguer même les plus solides, ces jours-là il y a heureusement, une autre solution : regarder si les informations économiques les plus simples de la journée ne recèlent pas une face cachée, un double fond. On en a trouvé trois : une information de politique économique française, une industrielle, une internationale.
La première concerne la décision du gouvernement de revoir une mesure fiscale - on y revient quand même ! - qui concerne les entreprises.
C’est une histoire complexe : si le budget est plus favorable aux entreprises, il créé quand même une taxe à deux milliards et demi d’euros que paieront 8.000 entreprises. C’est un impôt à assiette large, sur l’excédent brut d’exploitation, dont l’objectif est d’éviter les fuites d’impôt constatées avec l’impôt sur les sociétés. Bonne idée ! Le problème est que l’impôt tel qu’il est prévu taxe les investissements de l’industrie, ce qui est cocasse ! Bercy va revoir en urgence sa copie. Le double fond de cette information laisse songeur : l’histoire laisse supposer que personne à Bercy (rien à voir avec la gauche ou la droite) ne fait la différence entre excédent brut et excédent net d’exploitation, différence qui sont les amortissements. C’est pourtant, on imagine, le ba-ba de la finance d’entreprise.
Deuxième information, qui concerne Renault.
On a appris hier que Renault va se lancer sur le marché des voitures hybrides, qui couplent un moteur thermique classique à un moteur électrique. Jusqu’à présent, le groupe de Carlos Ghosn misait tout sur la voiture électrique. Le problème est que celle-ci démarre doucement, et donc changement de stratégie. Le double fond de l’information est qu’on voit combien le métier d’industriel est un métier où il y a sans cesse des paris à faire, qui pèsent des milliards d’euros, parce qu’on ne sait pas ce qui va marcher. Un jour on gagne, un jour on perd. Autre exemple : qui peut dire si c’est Google, Facebook, Twitter ou d’autres par qui passeront dans cinq ans les autoroutes de l’information ? Personne et tous les acteurs sur Internet doivent investir partout – peut-être pour rien.
Troisième information : l’impasse sur le budget aux Etats-Unis… ce qu’on appelle le shutdown…
Chacun connaît les conséquences de la décision du Tea Party de prendre en otage les négociations entre la Maison Blanche et les Républicains, qui a conduit à fermer des services publics. Ainsi, on constate que quatre des grandes démocraties du monde se retrouvent plus ou moins paralysées : Etats-Unis, Italie, Allemagne et Inde. Et les marchés financiers, jusqu’à maintenant, s’en moquent totalement. Comme si, ils imaginaient (drôle d’idée) que le vrai pouvoir est ailleurs.