Chronique de la crise des partis politiques : ce matin LFI.
Et c’est la suite de l’édito d’hier à propos de l’incapacité de LR (Les Républicains) à faire vivre un débat interne et à organiser sainement la compétition des personnalités. Il s’agissait de la crise existentielle d’un parti classique, à l’ancienne. Aujourd’hui, avec les Insoumis, c’est plutôt la crise d’une tentative, justement, de dépassement des vieilles structures, largement rejetées par la population. LFI avait réussi à impulser une dynamique, à la canaliser au service de JL. Mélenchon en 2017. Des plates-formes numériques, des forums de débats et de propositions avaient été mises en place pour alimenter le candidat et créer un projet adapté, populaire. Les leaders de LFI se targuaient d’avoir installé une nouvelle forme de militantisme et d’élaboration de projets, s’inspirant de mouvements politiques novateurs, qui fleurissaient en Europe ou en Amérique, hors les murs partisans habituels. En réalité, toute cette machinerie deux-points-zéro a été un objet de communication, une façon de toucher le plus de monde possible et de se parer des atours avantageux de la modernité, plus qu’une façon de trouver des idées originales. Une fois 2017 passé, les Insoumis se sont posés la question de leur organisation, de la pérennisation du mouvement qui avait conduit aux succès de la présidentielle et des législatives ?
Et c’est là qu’est apparu le concept du mouvement gazeux !
En décembre 2017, JL Mélenchon disait à Médiapart ceci : ‘Nos observateurs sont enfermés dans une vision binaire opposant verticalité et horizontalité. Or le mouvement n’est ni vertical ni horizontal, il est gazeux. Pour le comprendre, il faut construire un nouvel imaginaire politique’. La définition est elle-même gazeuse, permettant au chef, en réalité, de ‘cheffer’ comme avant ! Mélenchon, en plein vertige de leader tribunicien, rêvait donc de créer un ’nouvel imaginaire politique’, il rêvait d’un vaste mouvement social et citoyen, et promettait même 1 million de manifestants sur les Champs-Elysées… Il n’avait pas tort quant à la colère qui montait, seulement LFI (gazeuse ou plate) lui a couru après… sans être même capable de fournir un débouché politique pour les insurgés en jaune. En réalité, le gaz s’est vite éventé. Un mouvement sans structure, c’est-à-dire sans démocratie interne, s’est fait jour. La vieille culture d’anciens socialistes, trotskistes, communistes a vite ressurgi. Ces dirigeants, rompus au rapport de force et luttes d’influence, ont recréé une machine politique verticale, incapable d’inventer ou d’adapter un modèle de démocratie numérique et de donner un exemple avenant du genre de gouvernance qui serait de mise si LFI était au pouvoir. A leur décharge, pour l’instant, personne, n’y arrive vraiment et aucun exemple étranger de ces dernières années n’est, encore probant. Et là, je peux resservir la chute de mon édito d’hier sur le cas de LR… il faudra bien que, de la décrépitude des anciens partis et des tentatives ratées des nouveaux mouvements, naisse quelque chose, parce que l’article 4 de la Constitution le dit : ce sont ‘Les partis et groupements politiques (qui) concourent à l'expression du suffrage’.