Retour sur les déclarations insidieuses de certains politiques à propos de l’incendie de Notre-Dame.
Oui, parce qu’en ces temps de christianophobie islamiste, certains politiques semblent regretter que l’incendie de Notre-Dame ne soit (à l’évidence) pas d’origine criminel. Même si pour l’instant, l’enquête n’a pas rendu ses conclusions, la police, les pompiers, les spécialistes de sécurité incendie considèrent la thèse de l’incendiaire comme parfaitement improbable. Une attitude responsable, pour un politique, dans ce cas de figure, tout en gardant le doute en tête (tant que l’on n’a pas de certitude absolue) serait bien sûr d’éviter de supputer à des fins stratégiques. S’interroger est une chose, s’interroger en prétendant qu’il y a une sorte de complot pour interdire de s’interroger ou même pour cacher la vérité, c’est autre chose. Il est tout à fait manipulatoire de laisser entendre que l’hypothèse terroriste a été délibérément laissée de côté. Et c’est ce que fait allègrement Nicolas Dupont-Aignan. Depuis le parvis de la cathédrale... le candidat de Debout-la-France s’est prétendu porte-parole des Français qui se posent des questions et à qui on refusait de répondre. Comme si le temps suspendu de l’enquête, le temps inévitable et incompressible d’une certaine incertitude devait être suspecte. Jordan Bardella, tête de liste du RN, a aussi décidé d’enfourcher ce mauvais cheval de l’insinuation, du ‘je dis ça je dis rien, suivez mon regard’, du ‘il n’y a pas de fumée sans feu’. Il a déclaré, je cite : ‘dans ce contexte de christianophobie ambiante, a-t-on le droit de s’interroger sur les causes de l’incendie ?’. Classique fausse interrogation des révisionnistes. Alors, nous ne sommes pas encore dans du révisionnisme puisque les faits ne sont pas établis précisément, mais nous sommes dans la technique du raisonnement en glissement perfide : laisser entendre que rien n’est vraiment fait pour trouver la vérité, que d’ailleurs la vérité dérange et que donc on nous la cache...
En pareil cas, le doute apparait souvent d’abord sur les réseaux sociaux …
Oui, mais justement, ces insinuations d’attentat, ces photos truquées, détournées, ou délibérément interprétées de façon tendancieuse qui ont circulé, ont, pour le coup, été relativement peu nombreuses... et ont été très largement critiquées par la masse internaute. C’est une raison de plus pour pointer la responsabilité de ceux qui instrumentalisent cette période d’enquête, durant laquelle, par définition, aucune réponse précise ne peut être donnée. Mais en ces temps où, déjà, la vérité factuelle établie, quand elle n’est pas à la hauteur des espérances des démagogues, a du mal à s’imposer, le temps de l’enquête est encore plus propice aux rumeurs instrumentalisées. Le Massachussetts Institute of Technology a calculé qu’à propos d’un sujet donné, un doute anxiogène ou une fausse nouvelle spectaculaire circule six fois plus vite sur les réseaux qu’une vérité factuelle. Ce simple facteur à la fois humain et algorithmique est pain béni pour tous les démagogues de la planète qui, en ce moment d’ailleurs, remportent élection sur élection grâce à cet écosystème (écho-système !) médiatique des réseaux sociaux.