"JOYEUSES FÊTES" - Le père Noël est le "dernier dieu païen" explique la philosophe Catherine Clément, autrice du "Dictionnaire amoureux des dieux et des déesses". Elle raconte qu'en 1951, à Dijon, l'église l'a fait brûler en place publique rappelant que le 24/12 était la "fête anniversaire de la naissance du sauveur".
Invitée de France Inter, la philosophe Catherine Clément raconte notamment comment, en décembre 1951 à Dijon, le père Noël a été brûlé par le clergé près de la cathédrale, devant 250 enfants de la ville, pour lutter contre "la fabulation trompeuse" de l'homme à la grande barbe blanche. Ce même père Noël, qui a ressuscité le soir même, sur le toit de la mairie.
"Représentant tous les foyers chrétiens de la paroisse désireux de lutter contre le mensonge, 250 enfants, groupés devant la partie principale de la cathédrale de Dijon, ont brulé le père Noël. Il ne s'agissait pas d'une attraction mais d'un geste symbolique. Il a été sacrifié en holocauste. À la vérité, le mensonge ne peut éveiller le sentiment religieux chez l'enfant et n'est en aucune façon une méthode d'éducation.
Que d'autres disent et écrivent ce qu'ils veulent et fassent du père Noël le contrepoids du père Fouettard, pour nous Chrétiens, la fête de Noël doit rester la fête anniversaire de la naissance du sauveur", avait écrit, dans un tract, le clergé local, comme le cite la philosophe.
"Le clergé, sans le vouloir, en brûlant le père Noël, ils font exactement ce que faisaient les Romains", analyse Catherine Clément à propos de celui qu'elle considère comme "le dernier dieu païen". "Il y a aujourd'hui des gens capables de brûler le père Noël à nouveau", estime-t-elle.
Série "JOYEUSES FÊTES" : entretiens avec des philosophes
- Raphaël Enthoven : "Comme Dieu, le Père Noël existe selon le degré de croyance que l'on porte en lui" (1/5)
- En 1951, l'Eglise a fait brûler le père Noël, "dernier dieu païen", raconte la philosophe Catherine Clément (2/5)
- Cynthia Fleury, philosophe : Noël, "c'est un concentré de névroses" (3/5)
- Frédéric Worms, philosophe : le décompte du 31 décembre, "rare moment heureux du temps des horloges" (4/5)
- Michael Foessel, philosophe : "Les résolutions du 31 maintiennent cette idée qu'on peut changer" (5/5)