"Les vœux du 31 décembre sont une manière de socialiser nos rapports, de maîtriser l'angoisse par la parole, parce qu'il permettent de partager l'impartageable, l'angoisse que l'on a vis-à-vis de son propre avenir", analyse Michael Foessel, philosophe, à quelques jours du Nouvel an.
"On commence, je crois, avant de passer à l'année qui arrive, par faire le compte de celle qui précède. Il y a un rituel, celui des douze coups de minuits, qui marque comme la scansion du temps vers quelque chose de nouveau", explique le philosophe Michael Foessel, invité de France Inter, vendredi matin.
Auteur de plusieurs ouvrages consacrés à la nuit et à la fin du monde, il explique que la période des vœux est celle durant laquelle "on essaie de s'imaginer de quoi demain sera fait". "Elle est précédée par le bilan de l'année, qui pas nécessairement positif. On essaie peut-être d’exorciser ce qu'il y a dans le temps d'angoissant par l'idée peut-être superstitieuse mais aussi réconfortante que demain ne ressemblera pas à hier. (...) Nous avons un rapport au temps linéaire. On n'imagine plus le temps comme un éternel retour. Il y a cette idée que la nouveauté à la prime par rapport à l'innovation".
Selon Michael Foessel, les vœux sont une façon "de socialiser nos rapports" et de maîtriser nos craintes "parce qu'ils permettent de partager l'impartageable, l'angoisse que l'on a vis-à-vis de son propre avenir". "Les résolutions du 31 maintiennent cette idée qu'on peut changer", conclut-il.
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