En voici une datée du 28 avril il y a soixante-dix ans : « Les fleurs de cerisier doivent être en train de commencer à tomber à Tokyo. Ce serait triste que je tombe moi-même avant les fleurs de cerisier. Tombez, tombez, fleurs de cerisier, il serait injuste que vous continuiez à fleurir alors que je meurs. »
A la fin de la guerre du Pacifique, les chefs japonais ont abandonné plus d’un demi-million d’hommes de troupe qui ont divagué sur place, mourant de faim. En Mandchourie, sans hésiter à perdre la face, ils en ont livré, captifs, à peu près autant aux Soviétiques. Qui se souvient de ces japonais-là ? Notre mémoire est sélective, qui a été préparée à privilégier quelques milliers de kamikazes.
Mais de cette poignée d’hommes, notre souvenir est-il si juste ? Peut-être avaient-ils moins le choix de leur destin qu’on ne l’a dit. Et l’extension présente, omniprésente, du mot, jusqu’où est-elle exacte ? Les kamikazes appartenaient à une armée impériale ; les jeunes gens d’aujourd’hui qui se font exploser sur les places publiques et les marchés meurent non pour une nation mais pour une … cause.
Les invités
Constance SereniAssistante en histoire du Japon au XXe siècle à l'Université de Genève
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