L’interview post-mortem de Charles Aznavour (avec la complicité de Laurent Gerra)
Ce matin, je me dispenserai de faire une chronique puisque j’ai la chance d’avoir en ligne et en direct Charles Aznavour qui a décidé de m’accorder ici sur France Inter sa première interview post-mortem. Merci Charles d’être avec nous ce matin…
Je vous en prie. Ça me fait plaisir.
Charles, vous êtes arrivé au paradis des grands artistes depuis 4 jours, quelles sont vos premières impressions ?
Très bonnes. Vous savez, je me sens bien n’importe où, du moment que j’ai un stylo et du papier pour écrire des chansons. Parce que le secret, c’est le travail. Même dans l’au-delà, c’est ce que je dis aux jeunes, il faut continuer à travailler. De toutes façons, il faut toujours être dans l’au-delà de ses capacités…
Vous n’avez donc pas peur de vous ennuyer au paradis ?
Pas du tout. Je n’y avais jamais mis les pieds, j’ai donc beaucoup de choses à y découvrir. J’ai chanté un peu partout dans le monde et dans toutes les langues, je n’avais jamais chanté au paradis mais je compte le faire dans les jours qui viennent.
Ah ! Vous avez déjà un projet de concert ?
Evidemment, je ne compte pas rester inactif. Ce sera pour moi l’occasion de refaire des duos avec des amis que je n’ai pas vu depuis longtemps : Trenet, Sinatra, Brassens, Bécaud et Edith naturellement.
Vous allez faire au paradis un grand concert avec tous ces artistes ?
Oui, en arrivant j’ai pris tout de suite rendez-vous avec le Bon Dieu pour lui en parler.
Directement ?
Vous savez, je préfère avoir à faire au Bon Dieu qu’à ses saints. Il est très sympathique. Il ne serait pas contre le projet mais il semblerait que ce ne soit pas si facile que ça à organiser parce que toutes ces personnalités ne sont pas forcément résidents du ciel. Certains sont au purgatoire mais la plupart en enfer. Je ne désespère pas d’obtenir des dérogations afin de les faire venir ici au moins le temps du concert… Je sais par exemple que le diable lui même ne serait pas contre l’idée de se débarrasser de Johnny pendant quelques temps. Depuis qu’il est arrivé chez le diable, il paraît que l’enfer est devenu un foutoir…
Charles, un petit regret personnel, vous aviez promis à votre public terrien votre présence sur scène et sur terre le jour de vos 100 ans. Il semblerait que vous n’allez pas tenir cette promesse…
En effet. J’ai réfléchi. Je me suis dévoué pour cette fois-ci, c’est essentiel qu’il y ait des disparitions régulières de chanteurs importants, ça donne l’occasion à France Inter de diffuser un peu de chansons en langue française…
Un dernier mot pour nos auditeurs?
Vous savez… (chantant) ZIK
Ce soir encore, moi j’ai vingt ans, je caresse le temps
Depuis le paradis
Comme on joue de l’amour comme on joue de la vie
Ne comptant plus les jours qui ont fuit dans le temps
J’ai fait tant de chansons de rêves envolés
En donnant du courage à ceux qui en manquaient
Je ne suis plus perdu je sais où habiter
Je reste dans vos cœurs toute l’éternité
Merci Charles.