A partir de lundi 15 septembre, cinq personnes sont renvoyées devant le tribunal des Sables d'Olonne, dont le maire de la Faute sur mer, René Marratier, pour homicide involontaire. Dans cette petite commune de Vendée, 29 personnes étaient mortes, noyées par les inondations. Corinne Audouin est retournée à la Faute sur mer.
Quatre ans après la tempête, Renaud Pinoit ne s’y est pas habitué. Le président de l’AVIF, l’association des victimes des inondations, parcourt la digue Est de la Faute-sur-mer, qui sépare le village de la rivière du Lay. La nuit du 27 au 28 septembre 2010, gonflé par la marée haute et la tempête, le Lay est passé par-dessus la digue, et envahi les lotissements aujourd’hui disparu. Cette « cuvette mortifère » a été décrétée zone inconstructible, et 600 maisons détruites."Il reste les rues, le réseau électrique, les lampadaires ", décrit Renaud Pinoit. Des maisons, ne subsistent que quelques tas de gravats. La zone ressemble à un vaste champ, couvert d’herbe et d’arbres. Nous marchons sur la digue, renforcée depuis, et ré haussée d’un mètre."L’eau est passée par-dessus, c’était une vraie vague ", raconte Renaud Pinoit. Les maisons étaient construites en contrebas, à deux mètres en dessous du niveau de la mer."C’est monté très vite, en quelques minutes, de 80 cm à 2m, 2m50, 2m80 selon les maisons" . Difficile d’imaginer l’horreur de cette nuit-là. Le paysage est si paisible. En face, de l’autre côté du pont qui enjambe le Lay, on voit le petit port de l’Aiguillon. "Un coin de paradis ", songe Renaud Pinoit, "qui ce soir-là, s’est transformé en cauchemar".
Un paradis : c’est comme ça qu’Elisabeth Tabary décrit sa maison à la Faute-sur-mer, avant Xynthia. Cette ancienne cadre de santé avait choisi, pour sa retraite, de renouer avec ses origines vendéennes. Avec son mari, elle avait emménagé dans un lotissement de la zone basse, construit en 1971. La nuit de la tempête, Elisabeth a perdu son mari et son petit-fils :
A 3h15, j’ai entendu le téléphone sauter, on avait souvent des coupures. Je suis allée voir dans la salle à manger... Et là, Il y avait de l’eau qui s’infiltrait sous les fenêtres. Mon mari est arrivé, il m’a dit ‘c’est la digue qui a claqué, c’est terminé.
De fait la digue n’a pas lâché, mais l’eau se déverse par-dessus, en milliers de mètres cubes. Dans le pavillon, il y a bien un étage, mais il n’est accessible que de l’extérieur. Le fils d’Elisabeth et sa belle-fille sont là-haut. Leur fils, un petit garçon de 2 ans et demi, dort au rez-de-chaussée avec ses grands-parents.
"On essayait de téléphoner à l’étage, ça ne marchait pas. On était piégés dans la maison, l’eau montait très vite. L’électricité s’est coupée. Je me suis réfugiée dans la cuisine, avec le petit dans les bras. Je me souviens d’être montée sur la poignée de porte de la cuisine… Et puis on a attendu, et j’ai crié au secours. " Ses voisins ont entendu Elisabeth crier. Mais pas son fils à l’étage, à cause du bruit du vent. "C’était un véritable torrent. A un moment, mon mari m’a dit ‘je ne vais pas bien, je vais partir’… Nous avons pu nous dire au-revoir. On était conscients de ce qui se passait tous les deux. Il fallait juste qu’on reste calme, pour que le petit ne se rende compte de rien. C’était tellement froid… au bout d’un moment, on délire, on sait plus où on en est… Et puis à un moment, j’ai vu que le petit, c’était fini ". Elisabeth trouve encore la force de placer le corps de son petit-fils derrière la porte de la cuisine, pour que le reflux ne l’emporte pas. Ensuite, elle ne se souvient de rien. C’est son fils qui l’a découverte, délirante, presque noyée, à 7H du matin.
Personne n'avait prévu cette brusque montée des eaux
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