La communauté internationale se penche sur le sort d’Idlib, avec une rencontre encore vendredi qui implique notamment la France. En Syrie? les civils redoutent maintenant le pire et commencent, pour certains, à prendre la route.
Trois millions de personnes sont menacées par l’offensive imminente du régime syrien. L’aviation russe a déjà bombardé certains secteurs et la frontière Turque est hermétiquement fermée. Etienne Monin s'est rendu à la rencontre des civils qui commencent à fuir Idlib, du côté turc de la frontière, à Reyhanli.

Ces civils sont les témoins directs de ce qui se passe de l’autre côté de la frontière, dans la région d’Idlib. Des Syriens qui descendent d'un bus bondé et cherchent les valises égarées pendant le voyage. Ces femmes et ces hommes, réfugiés depuis des années en Turquie, reviennent d’Idlib où ils ont passé plusieurs semaines avec leur famille pour la période des fêtes, dans un contexte de menaces.
"C’est terrible. Tous les jours on pouvait voir 5 avions et 5 hélicoptères" raconte Hamza Abdallah qui revient du sud de la province.
Le régime de la peur s'est installé
Ce qui ressort de ces témoignages, c’est que c’est le sud de la région qui semble pour l’instant visé par les bombardements.
Les deux fils de Mohamed al Babi ont quitté le bourg de Al Habit, "il y a 5 jours, dit-il, chassés par la campagne aérienne du régime" qui a dépeuplé, d’après lui, cette petite partie de la région. "Il ne reste plus personne dans ces villages. L’armée libre n’a pas les moyens, pas d’armes lourdes, pour défendre nos familles."
Dans la ville d’Idlib, d’après ces témoignages, les habitants produisent leur électricité avec des panneaux solaires. Ils ont de l’eau. Et s’ils ont les moyens ils peuvent acheter de la nourriture. Mais le régime de la peur s’est installé.
Ma famille a peur en permanence d’un bombardement du régime, s'alarme Omar Julak, étudiant en médecine, dont les parents vivent dans la capitale régionale. "On a peur que l’armée entre dans Idlib. [Mes parents] ont peur d’être victimes de ce massacre."
L'exil en dernier recours
Pour autant l’exode massif redouté par les Turques et la communauté internationale n’a pas commencé. Les habitants semblent s’accrocher encore aux efforts diplomatiques. Ils semblent attendre le point de non-retour avant d’envisager l’exil.
"Ils n’ont pas d’argent, pas de travail, ou est-ce qu’ils peuvent aller ?" déplore Hamza Abdallah, dont la sœur est dans un secteur visé par l’aviation.

Depuis le début des bombardements, sept structures de secours ou de médecine ont été touchées. L’UOSSM, une ONG syrienne de médecins, en a fait les frais. Elle intervient dans une quarantaine d’hôpitaux r"partis dans la région et est à la merci du régime, qui en a fait des cibles.
"Même si on a l’expérience de nombreuses attaques à Alep ou Homs, on a toujours pas les moyens de faire des hôpitaux qui soient protégés" expliqueSamer Halil, médecin pour l’UOSSM.
Les combattants de l'Armée libre rejettent toute idée de réconciliation
Dans la région, les islamistes radicaux et les combattants Syriens lié aux Turques se partagent le terrain. La région sud actuellement touchée est défendue par les combattants dit de l’Armée libre, qui rejettent toute idée de réconciliation.
"On refuse tout accord ou toute réconciliation avec le régime, confirme le porte-parole du front national syrien", Capt niji Abu Hozaïfa : "On a vu ce qui s’est passé à Dera. Les garanties données par les russes et le régime n’ont pas été respectée."
La région d’Idlib est aujourd’hui devenue une grande prison à ciel ouvert. La seule zone sécurisée se trouve dans le nord de la Syrie, sous le contrôle des Turques qui ont hermétiquement fermé leur frontière.