"Allons en France" recueille cette semaine la parole d’élus municipaux à l’occasion de l’ouverture du 100ème congrès des maires.
Alors que les regroupements en communautés de communes ou d’agglomération se sont accélérés ces dernières années, parallèlement à la baisse des dotations, les maires s’interrogent sur leur avenir, et celui d’une certaine conception de la démocratie locale. Reportage à Fitz James, commune de 2.500 habitants, dans l’Oise.

Lorsqu’on évoque le malaise des maires de petites et moyennes communes françaises, on l’associe souvent à un contexte budgétaire difficile. Pour Jean-Claude Pellerin le maire de Fitz James, le blues des élus locaux est beaucoup plus profond. Ici c’est en 2013 que la bascule s’est opérée, avec le passage à une communauté de communes (du clermontois) où siègent désormais 19 maires.
"À quoi on sert ?"
"En accélérant le processus de regroupement en communautés de communes, toujours plus grandes, on a permis à des territoires comme le nôtre de bénéficier d’infrastructures que nous n’aurions jamais pu nous permettre seuls : pôle de la petite enfance, cinéma intercommunal, centre aquatique… C’est évidemment positif. Mais en même temps, l’échelon communal a de moins en moins de pertinence. À quoi on sert ?"

Même si les habitants ont voté pour la première fois en 2014 pour leurs conseillers intercommunaux, pour cet élu local, la perte progressive de nombreuses compétences communales s’apparente à une censure démocratique.
Réinventer l’échelon local
Un peu perdus, mais tout de même enthousiastes, les plus jeunes conseillers municipaux ont vite compris qu’ils allaient devoir s’adapter. "On essaye de réfléchir autrement, il faut réinventer la gestion des territoires, peut-être créer une « commune nouvelle », en se regroupant avec les territoires limitrophes. On regarde ce qui se fait ailleurs".

Pour Rachel Blond, benjamine du conseil municipal de Fitz James, "ces transformations et les questions qu’elles posent sont déconcertantes mais aussi passionnantes pour nous, les plus jeunes. Il faut repenser l’échelon communal, agrandir le périmètre de la commune."

Des mutations qui ne doivent pas être imposées, froidement, "d'en haut" pour les habitants de cette petite ville de l'Oise. L'ancien maire de Fitz James, Alex Seghers estime qu'"au delà de la question de l'intercommunalité, on assiste à une reprise en main par le pouvoir central de l'indépendance des communes et à une césure de plus en plus marquée entre l'État et la France des territoires. Pourtant, ce sont les maires et pas les technocrates dans leur bureaux qui peuvent sentir les besoins des gens sur le terrain. Ne pas écouter les maires serait très grave".