A Chooz (Ardennes), EDF forme ses équipes au démantèlement prévu de centrales nucléaires sur un réacteur déjà à l'arrêt servant de base d'entrainement avant Fessenheim.
Pour EDF, la fermeture de Fessenheim, doyenne des centrales nucléaires, est aussi une nouvelle page de l'histoire de l'atome qui doit s'écrire. Ses techniciens se font la main sur plusieurs réacteurs à l'arrêt, dont celui de Chooz A dans les Ardennes, une centrale à l'arrêt depuis 25 ans que France Inter a pu visiter.
Site d'entrainement
Sur ce site, le réacteur se cache sous une colline, au bord de la Meuse, dans des cavernes protégées par 300 mètres de roche. C'est un modèle réduit des réacteurs à eau pressurisée, le premier de cette technologie mis en service en 1967, et aussi le premier débranché en 1991.

Dans cette galerie, où courent des rails servant à l'évacuation des matériaux et des gaines de ventilation, nous sommes en "zone contrôlée", dans laquelle il faut, malgré tout, s'astreindre à un rituel et s'équiper d'un dosimètre, une sorte de compteur Geiger.
Le gros des opérations est terminé : le combustible usé et déchargé est transféré vers la Hague, les circuits et tuyauteries vidangées, les générateurs de vapeur et tous les équipements non radioactifs démantelés, ce qui a permis d'éliminer 99,9 % de la radioactivité (800 tonnes de déchets). Reste le découpage de la cuve, le coeur de la centrale, sous l’eau l'été prochain.

Le travail des téléoperateurs se fait avec des bras articulés, à l'aide de scies circulaires, de pinces, de torches à plasma. Les travailleurs, eux, sont dans une salle de commande, devant des pupitres et des écrans, de 10 à 50 mètres de distance.

Que devient le site une fois déconstruit ?
D'ici 5 ans, en 2022, une fois la centrale déconstruite, il restera les murs en béton armé : EDF réfléchit encore à l’utilisation future du site. Le démantèlement de Chooz A est un chantier pilote, alors que EDF a changé de méthode : au lieu d'attendre que la radioactivité baisse, l'électricien déconstruit désormais dès que possible.

L’opération de déconstruction prend environ quinze ans, comme pour le site de Chooz (dont cinq ans pour obtenir le feu vert de l'Autorité de sécurité nucléaire). Dans le cas des centrales à graphite gaz, EDF qui rencontre de grandes difficultés ne prévoit pas d'en finir avant 2060. Chooz reste encore la vitrine de ce qu'EDF sait défaire.

Un marché international prometteur
Il faut éviter la déperdition du savoir-faire, entre les équipes d'exploitation et celles chargées de déconstruire. EDF a donc créé une base de données informatique, alors que le marché international devient alléchant : dans le monde, on prévoit de mettre près de 200 réacteurs à l'arrêt dans les 10 prochaines années.