Au Mexique, 88 millions d’électeurs désigneront ce dimanche leur prochain président, au terme d’une campagne considérée comme la plus violente de l’histoire du pays : plus de 120 personnalités politiques ont été assassinées. Carmen Ortiz, veuve d'une de ces victimes, a décidé de faire campagne à la place de son époux.
Face à la foule de Apaseo El Alto, petite ville au nord de Mexico, Carmen Ortiz est livide, mais elle fait face, et se tient droite : "Les coups de feu de la haine et de la lâcheté ont interrompu la vie de mon mari". Mais chez elle, les rideaux sont tirés, le salon plongé dans l’obscurité. Elle dévoile un tout autre visage :
Derrière la femme courageuse qui parle dans les meetings [ la voix se brise ] ...Je n’ai pas perdu un homme politique, j’ai perdu mon mari

"C’est pour lui… pour le rêve qu’il poursuivait", explique-t-elle. "Crois-moi que n’importe quelle autre femme aurait pris ses enfants et aurait fui Apaseo El Alto."

Elle n’a mis que deux jours à accepter de poursuivre la campagne à la place de son mari José Remedios, 34 ans, assassiné le 11 mai dernier.
Wilfried était à quelques mètres de ce dernier :
Le candidat était en train de monter des marches… et le tueur était derrière lui. Quand il a vu qu’ils étaient seuls, il a sorti son arme et lui a tiré une balle dans la nuque. La personne qui a empêché Remedios de s’effondrer m’a crié 'Willy ! Aide moi !'. J’ai couru mais c’était trop tard. Le sang coulait partout. Il n’y avait rien à faire, absolument rien… C’est ça, le Mexique

Cinq agents fédéraux sont désormais chargés de protéger la candidate, pistolets à la ceinture, et armes lourdes cachés dans des étuis à guitare. C’est dans ce climat étouffant que Carmen Ortiz fait aujourd’hui campagne...