Ce jour-là la jeune artiste, alias Solange Te Parle la Youtubeuse solitaire et isolée adopte une petite chienne, surnommée « Truite », pour être aimée et rendre son quotidien plus léger.
Le fantasme d’une vie d’artiste à la française
Ina Mihalache est née au Québec d’un père roumain et d’une mère québécoise. A 10 ans, fascinée par l’accent français, elle décide de perdre le sien en regardant pendant des heures les émissions françaises de TV5 Monde. Son but : se forger une nouvelle identité. « J’ai dû reformater mes organes de la parole ». Sa vie de collégienne lui pèse , elle « se téléporte » dans une vie d’artiste à la Gainsbourg et Birkin dans le Paris bohème, et se cherche un amoureux français sur Internet.
Mais une fois installée dans la capitale française, ce rêve d'une vie d’artiste s'effondre. Elle envoie valser cours de théâtre au cours Florent et histoire de l’art à la fac.
Il me fallait de l’amour chez moi
« La première fois que j’ai vu ma chienne, c’est en photo : petite à poil court, très maigre avec une peau trop grande qui lui dégoulinait sur la gueule, des yeux très expressifs. J’ai craqué direct » raconte Ina. Une bâtarde, avec la robe du Jack Russell, aux pattes très fines, la tête du Chihuahua et des attributs du Fox Terrier et du Wippett.
Ina adopte « Truite » pour faire le deuil de tout ce qu’elle n’est pas. Seule et désespérée mais avec un chien qui accepte toutes ses humeurs et ses peines sans la juger. La thérapie contre le mal de vivre, c’est « Truite ».
Se poser et décrire la vie comme elle est, ça m’apaise
Ina Milahache réalise très souvent ses vidéos dans son appartement dont elle sort peu. Un appartement protecteur, vidé des objets encombrants pour éviter l’accumulation. Mais comment faire du plein avec du rien ? Ina s'inspire de Samuel Beckett, mais aussi de l’écrivain Georges Perec et de sa tentative d’épuisement d’un lieu (parisien) lorsqu’il énumère tout ce qu’il voit en restant planter durant des heures au Carrefour Mabillon. La plasticienne Sophie Calle ou encore la cinéaste Chantal Akerman l'inspirent toujours. Elles ont « parlé de leur vie pour aller mieux mais sans apitoiement. Une force vitale qui se nourrit du désarroi. Une lutte que j’ai incarnée dans mes vidéos ».
Pour aller + loin :
- La page et les vidéos de Solange Te Parle c'est ici
- son livre : Autoportrait en chienne (L'Iconoclaste, 2018)
- Ses pastilles radiophoniques sur France Inter durant l'été 2013
Et aussi :
- L'innommable, de Samuel Beckett (Editions de Minuit, 2004)
- Intérieur de Thomas Clerc (Gallimard 2015)
- Tentative d'épuisement d'un lieu parisien de Georges Perec (1974)
Vous avez pu entendre des extraits de :
- Hiroshima mon amour, d'Alain Resnais (1959) d'après le roman éponyme de Marguerite Duras
- Je Tu Il Elle, de Chantal Akerman (1974)
- Mutt Dogs, un documentaire sonore de Félix Blume et Sara Lana diffusé sur Arte Radio en janvier 2018
- L'abécédaire de Gilles Deleuze, par Pierre-André Boutang (éditions Montparnasse)
- Solange Te Parle : "Léa Seydoux c'était dur mais..."
La play list diffusée dans l'émission dans l'ordre de diffusion :
- Uptown funk, Mark Ronson/Bruno Mars (2014)
- Conne, Brigitte Fontaine (1999)
- Already dead, Otzeki (2018)
Les références du générique de l'émission : « Le Temps est bon » d’Isabelle Pierre remixé par Degiheugi