Suite et fin de la rencontre avec Jean-Clarence Lambert. Duchamp et le post-art véhiculé par le Nouveau Réalisme. Arman ne fait pas assez rêver le critique d'art et poète qu'il est.

Les écrits sur l'art de Jean-Clarence Lambert sont rassemblés dans un ouvrage du même nom aux éditions Hermann, commentés par Françoise Py. Largement consacrés au mouvement Cobra, à son admiration pour l'abstraction ou encore aux "arteurs" comme son ami Robert Filliou, ses textes évoquent parfois Arman et le Nouveau Réalisme.
Arman tortionnaire ou le happening apprivoisé pour la galerie
Dans dépassement de l’art en 1974, repris dans Ecrits sur l’art, Jean Clarence Lambert écrit qu'"Arman semble avoir été l’un des plus appliqués tortionnaires (à l’égard des objets) et l’un des plus systématiques ". Il cite lesColères sur les instruments de musique et sur les meubles petits bourgeois, lesCoupes , d’ustensiles et de vaisselle, les combustions. Pour lui, "Arman est , sans doute, le meilleur représentant de ces artistes du comportement, réalistes absolus qui ne peuvent agir qu’avec les objets : exacte et diamétrale opposition à l’art abstrait non figuratif ! Ce faisant Arman a récupéré, pour l’œuvre exposable en galerie et collectionnable par l’amateur, une bonne partie de l’énergie libérée par les happenings, ces rituels matérialistes mis au point par des ex-peintres. Au cours de ces happenings , en effet, l’homme et l’objet sont confrontés dans des rapports inédits, d’où maints conflits, qui ne se résolvent pas sans violence. Les happenings sont des cérémonies où les objets jouent les premiers rôles."
C'est une analyse pertinente, car Arman, a beaucoup côtoyé Ben son ami, par exemple, véritable chef de file du happening en France, et d'autres artistes dans la veine Fluxus, sans pour autant en faire sa seule raison d'être artiste. Il a beaucoup oeuvré dans la démonstration même de son art, (en faisant Conscious Vandalism aux Etats-Unis, en mettant en scène nombre de ses colères également en France), mais l'idée est que les objets soumis publiquement à ses mauvais traitements deviennent des objets d'art, véhiculables sur le marché de l'art. Au final, c'est l'objet mis en oeuvre qui a dernier le mot dans le travail d'Arman, et non la démonstration. Arman n'a jamais prétendu être un homme de happening. Il est de surcroît un chercheur éternel des formes, à partir des objets, sans passer comme beaucoup de ces contemporains, par la case abstraction. La seule "abstraction" avec laquelle Arman a composé c'est le hasard, grand ordonnateur de ces assemblages.
Interrogé à Meudon sur le Nouveau Réalisme, Jean-Clarence Lambert, est un peu enthousiaste sur ce mouvement et ce qu'il a apporté. Jean-Clarence Lambert préfère les créateurs d'images et d'imagination.
Le post-art de Jean-Clarence Lambert. Souvenir de l'ouverture du Centre Pompidou avec Robert Filiou, qui s'est illustré par des happenings ou des œuvres provocatrices sur le statut de l’œuvre d'art.
jean clarence lambert arts
Arman , retour au tumulus primitif__

