Dans une BD aux images surprenantes, un jeune auteur d'Istanbul raconte de façon grinçante la société turque d’aujourd’hui avec un dessin ultra créatif.
Ça commence dès la couverture : un couple au bord du précipice est entouré d’immeubles dont les gens s’échappent en sautant… Puis les histoires s’enchaînent : dans l’une, les autorités ont pris le contrôle des individus en faisant directement apparaître des messages en relief sur leur peau. Dans une autre, les enfants sont exclus de l’école dès qu’ils se mettent à lire et à penser par eux-mêmes. Plus loin, des très vieux prennent le pouvoir. Dans un autre récit, d’immenses phallus sortent des murs…
Ces histoires cauchemardesques décrivent toutes un quotidien féroce, violent…
On pense à 1984 d’Orwell. Et ce n’est pas pure coïncidence dans la Turquie gouvernée aujourd'hui d'une main de fer : les Contes ordinaires d'Ersin Karabulut expriment de façon métaphorique l’état d’angoisse dans lequel une société est plongée quand le pouvoir devient une dictature. Ces fables oppressantes et fantastiques dénoncent la résignation. Comme elles sont servies par un dessin qui oscille entre ultra réalisme et un trait proche de la caricature, et c'est une vraie réussite.

L’occasion d’une rencontre avec Ersin Karabulut, chef de file de la BD turque, prolifique mais méconnue en France.

« J’aime jouer avec le texte »
Ecoutez Ersin Karabulut (en anglais) sur son dessin :
Ersin Karabulut sur son dessin
Comment dessiner Contes ordinaires ?
La leçon de dessin d’Ersin Karabulut :

Contes ordinaires d’une société résignée d’Ersin Karabulut est paru chez Fluide Glacial