Alors que s'ouvre à Madrid, ce mardi, le procès des indépendantistes catalans, Carles Puigdemont ne sera pas devant les juges. En exil en Belgique, le leader vit aujourd'hui à Waterloo, à une quinzaine de kilomètres de Bruxelles, d’où il continue à militer pour l'autodétermination catalane.
Il est le grand absent du procès qui s’ouvre à Madrid : Carles Puigdemont ne sera pas aux côtés des douze responsables politiques ou dirigeants associatifs indépendantistes à l’origine de la tentative de sécession de la Catalogne en octobre 2017. Destitué par le gouvernement Espagnol, l’ancien président catalan avait fui son pays pour la Belgique afin d’échapper aux poursuites qui pourraient valoir aujourd’hui jusqu’à 25 ans de prison aux accusés ! Le leader catalan suivra de loin ce procès. Il vit dans un quartier résidentiel de Waterloo.

La maison où il a trouvé refuge, rebaptisée "Maison de la République", est cossue et bien gardée : caméras de vidéosurveillance et panneaux "Défense d’entrer". Sur le côté, deux mâts accueillent pour les grandes occasions les drapeaux Catalans et Européens.
Un drapeau espagnol par provocation en face de sa maison
L’homme est assez discret selon ses voisins du quartier. On le voit très peu, mais il a ses fans et aussi ses détracteurs raconte avec malice Yves, le livreur de journaux du quartier : "Il y a un truc amusant c’est que là-bas, un peu plus loin dans la rue, un voisin a mis un drapeau espagnol sur sa façade. C’est une petite provocation. Quand Monsieur Puigdemont passe, il voit d’office le drapeau espagnol. Il n'y en avait pas quand il n’était pas là ! Sinon, je croise régulièrement des partisans de l’indépendance, une fois il y en a qui m’ont même demandé si je pouvais les prendre en photo devant la maison, c’est un peu un pèlerinage pour certains Barcelonais !"

En juillet, ils étaient plusieurs centaines sur la grande pelouse devant la maison à chanter et danser pour célébrer le retour d’Allemagne du leader raconte une voisine. Une cérémonie officielle avec discours et levée de drapeaux avait été organisée pour célébrer sa libération après quatre mois de détention en Allemagne. "Quatre mois qui m’ont rendu plus fort, plus résistant et plus déterminé !" avait alors confié Carles Puigdemont à l’AFP. Quatre mois à l’issue desquels son mandat d’arrêt européen a été levé par Madrid. Carles Puigdemont est donc aujourd’hui libre de ses mouvements en Europe, sauf en Espagne où il peut encore être arrêté.

Et de cet exil dans la grande banlieue de la capitale européenne, il ne chôme pas. C’est au rez-de-chaussée de sa villa transformé en salle de travail qu’il reçoit. Beaucoup. Son dauphin Quim Torra, l’actuel président indépendantiste de la Catalogne, vient y prendre conseil. Les deux hommes ont lancé un nouveau mouvement à l’automne : La Crida (L’appel) pour tenter de rassembler sous une même bannière l’ensemble des formations séparatistes. Sans grand succès, mais Carles Puigdemont garde son énergie intacte et tente d’européaniser son combat.
Parcourir l’Europe pour m’exprimer, c’est ça que j’ai finalement trouvé en vivant au centre de l'Union
(Carles Puigdemont)
L’ancien journaliste de 56 ans parle anglais, français et même le roumain depuis son mariage avec une journaliste née en Moldavie roumaine. C’est un atout pour sillonner l’Union européenne et défendre le droit fondamental à choisir son avenir, explique-t-il à longueur de conférence : le droit à l'autodétermination. Beaucoup de régions sont concernées en Europe expliquait-il encore lors d’un entretien en français sur la RTBF en septembre dernier : "Parcourir l’Europe pour m’exprimer, c’est ça que j’ai finalement trouvé en vivant au centre de l'Union : j’ai pu parler aux Finlandais, aux Danois aux Allemands, aux Suisses. Cela commence à bouger car il y a un changement dans l’opinion publique européenne !"
Un leader en campagne pour une candidature aux européennes ?
L’homme voyage beaucoup, il sera à Berlin ce mardi, aux Pays bas, mercredi. Des conférences au côté d’universitaires qui font le plus souvent le plein. Carles Puigdemont a t-il des ambitions pour les élections européennes du mois de mai prochain ? Une rumeur le donnait sur une liste belge conduite par le parti nationaliste flamand NVA, parti qui l’a accueilli et soutenu lors de son exil. L'intéressé a très vite démenti jugeant bon de préciser que la NVA ne finançait son combat mais entretenait avec lui une relation d’amitié. Quant aux européennes, il l'a répété à plusieurs reprises : il ne pourrait être candidat que s’il existait une liste unitaire catalane indépendantiste. Cela n’en prend pas le chemin.