Il y a dix ans, un violent séisme frappait la ville médiévale de L'Aquila, capitale de la région des Abruzzes en Italie, faisant 309 morts et quelque 1 600 blessés. Alors qu'une cérémonie a rendu hommage aux victimes, dans la ville, la reconstruction avance difficilement.
L'Aquila a deux visages, qui forment à eux deux le symbole d'une très lente reconstruction : l'un est fait de bâtiments entièrement neufs, d'églises vivant une deuxième jeunesse. L'autre est fait de ruines restées exactement comme au lendemain du séisme.
Derrière une porte, par exemple, on retrouve des meubles renversés, des murs détruits, comme si le temps s'était arrêté en 2009. Les deux visages de L'Aquila sont ceux de la reconstruction qui est d'un côté privée, rapide et efficace, bientôt terminée, et de l'autre publique, très lente, ralentie par une lourde bureaucratie, et par la corruption par les infiltrations mafieuses.
Cette situation lacère ces visages : quand on arrive à L'Aquila depuis Rome, de loin, elle ressemble plus à une forêt de grues qu'à une cité médiévale.
La catastrophe a pour l'heure coûté à l'Italie plus de 17 milliards d'euros. Pour L'Aquila, selon le Huffington Post italien, il manquerait encore trois milliards. Les gouvernements italiens, ces dernières années, depuis celui de Silvio Berlusconi, ont multiplié les promesses mais doivent toujours se concentrer sur une nouvelle tragédie : le séisme en Emilie-Romagne en 2012 a coûté 8 milliards d'euros, ceux dans le centre du pays en 2016, 13 autres milliards.
Les promesses se sont succédé, mais pendant ce temps, L'Aquila est en train de mourir. Quelques commerces ont rouvert dans le centre historique, mais ils se lamentent : ils n'ont plus de clients.