Le fils cadet d'Elisabeth II a accordé sa première interview à la BBC au sujet de son amitié avec Jeffrey Epstein, condamné pour avoir prostitué des mineures et mort en prison en août dernier. Le prince est mis en cause par une victime. Son interview a été qualifiée de fiasco par la presse.
Le prince Andrew, duc d'York, s'est expliqué pour la première fois sur sa relation d'amitié avec le financier américain Jeffrey Epstein. C'était samedi 16 novembre au soir sur la BBC. Un face-à-face d'une heure avec une journaliste vedette. L'interview a fait la une de tous les journaux britanniques et américains ces dimanche et lundi. Et beaucoup ont ironisé sur les explications du prince.
Selon le Guardian :
Il n'avait pas l'air conscient du sérieux de l'affaire, riant et souriant à plusieurs reprises pendant l'interview (...) et n'exprimant aucun regret ou inquiétude envers les victimes d'Epstein
Démenti formel
L'une des principales accusatrices, Virginia Roberts, affirme avoir été forcée par Epstein à avoir des relations sexuelles avec le prince Andrew à Londres en 2001 alors qu'elle n'avait que 17 ans, puis à deux autres reprises à New York et sur l'île privée de Jeffrey Epstein dans les Caraïbes. Andrew a affirmé sur la BBC :
Je peux catégoriquement, absolument vous dire que ce n'est pas arrivé
"Désastreux"
L'AFP a interviewé dimanche un consultant en relations publiques et communication de crise :
Je n'ai jamais rien vu d'aussi désastreux (...). Cette interview peut servir d'exemple à des étudiants sur ce qu'il ne fait pas faire. C'était comme regarder un homme dans des sables mouvants à qui personne n'a jeté de corde pour tenter de s'en sortir.
Le Guardian a interviewé un célèbre avocat spécialisé dans les médias, Mark Stephens. Selon lui, de telle stratégies ne fonctionnent que si vous avez la réponse complète à toutes les questions.

"Trop honorable"
Le prince Andrew, 59 ans et huitième dans la ligne de succession au trône, a reconnu que ses relations avec le financier américain Jeffrey Epstein "ont pu mettre la famille royale dans l'embarras", mais estime ne pas avoir nui à la réputation de la reine Elisabeth II.
Sur Twitter, Peter Hunt, ancien chroniqueur royal de la BBC, a estimé que cette interview traduit un "malaise" au sein de la royauté. Selon lui, son frère aîné le prince Charles devrait avoir le "courage" de dire au prince Andrew de "se retirer de la vie publique".
Quand vous lirez ceci, n'oubliez pas qu'il s'agit des actes du fils de la Reine, huitième dans l'ordre de succession au trône
Le conseiller presse du prince aurait quitté récemment ses fonctions selon plusieurs médias britanniques car il était opposé à cette interview.
Le vocabulaire du prince est également critiqué par la presse, comme le fait qu'il voulait couper les ponts avec Epstein en 2010 (après sa condamnation) car il est quelqu'un de "trop honorable".
Un désastre en termes de communication
Le quotidien américain Washington Post a titré de son coté sur les différentes analyses de la presse britannique et a conclu :
Le fait qu'Andrew ait nié toute relation sexuelle est un désastre en terme de communication.
Le journal américain poursuit en citant Charlie Proctor, du site Royal Central qui couvre la monarchie :
Avec cette interview, je m'attendais à un accident de train. Finalement, ça a été un crash d'avion en plein sur un pétrolier, causant un tsunami et entraînant une explosion nucléaire.

"Je ne transpirais pas" : l'argument de trop !
Dans ses accusations, Virginia Roberts évoque une scène avec le prince : elle aurait dansé avec lui dans un club londonien en 2001, The Tramp. Elle l'a décrit comme comme transpirant abondamment en dansant. Puis ils auraient eu des relations sexuelles dans un appartement londonien.
Le prince a affirmé qu'à cette époque il ne transpirait pas. Pourquoi ? Parce que selon lui il était atteint d'une maladie due à une montée d'adrénaline lorsqu'il a été visé par des tirs lors de la guerre des Malouines en 1982, où il était pilote d'hélicoptère. Ceci l'empêchant de suer.
La presse a notamment repris l'alibi du prince, qui a affirmé qu'il se trouvait dans un restaurant de la chaîne Pizza Express de Woking, une ville au sud de Londres le jour des faits décrits par Virginia Roberts. Un lieu inhabituel pour un membre de la famille royale britannique. Réaction du Sunday Times dans un éditorial :
Les chevaux suent, les hommes transpirent, mais les membres de la famille royale ne font que briller
Le Sunday Times reproche également au duc d'York de se présenter comme un "héros de guerre".
De son coté, le Guardian ce lundi revient à sa une sur les propos du prince et reprend la demande des victimes.
"Excusez-vous auprès des victimes d'Epstein, dit-on au prince"
