Après ses propos outranciers au sujet des fusillades dans des établissements scolaires, Marjorie Taylor Greene sera probablement exclue notamment de la commission de l'Éducation de la Chambre des représentants. Le parti républicain, lui, refuse de désavouer l'élue complotiste.
Elle est devenue l'une des personnalités politiques américaines les plus médiatiques de ces derniers jours. Mais elle est aussi la plus clivante, la plus sulfureuse. Marjorie Taylor Greene, 46 ans, a été élue représentante du parti républicain dans l'État de Géorgie en novembre dernier. Elle a multiplié les provocations durant sa campagne, a obtenu un soutien sans faille de Donald Trump, a confirmé son adhésion aux thèses complotistes du mouvement d'extrême-droite QAnon et remet même en cause la réalité des fusillades de masse dans les établissements scolaires américains. Marjorie Taylor Greene risquait mercredi d'être désavouée par le parti républicain, son propre parti. Mais cela n'a pas eu lieu. Ce jeudi, c'est la Chambre des représentants toute entière qui devra donc décider de son sort en séance plénière.
Le parti républicain très divisé sur le cas Marjorie Taylor Greene
Ce 4 février 2021, la Chambre des représentants va en effet déterminer si oui ou non Marjorie Taylor Greene doit quitter deux commissions auxquelles elle appartient au sein de la Chambre, celle de l'Éducation et celle du Budget. La Chambre des représentants étant à majorité démocrate, Greene devrait perdre ses deux portefeuilles. Les chefs de file républicain et démocrate auraient pu régler le problème dès mercredi, mais ils n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur le sort de cette cheffe de PME de 46 ans, pro-armes, anti-avortement et défendant des thèses extrémistes et complotistes. Pourtant, un élu de premier plan, le chef des républicains au Sénat Mitch Mac Connell avait qualifié l'élue de "cancer pour le parti républicain" lundi.
"Il est clair qu'il n'y a pas d'alternative à un vote à la Chambre sur la résolution visant à expulser Mme Taylor Greene des commissions auxquelles elle a été nommée", a déclaré dans un communiqué mercredi soir le numéro deux des démocrates à la Chambre. Pour le leader des républicains Kevin McCarthy, en revanche :
"Ce vote ne sert qu'à détourner l'attention. Il s'agit d'un coup de force partisan des démocrates pour changer les présidences des commissions."
Difficile en effet de désavouer une élue trumpiste sans perdre les électeurs de Trump, comme le rappelle CNN :
Remise en cause des fusillades dans les lycées, appel à l'exécution de démocrates, etc.
Pourtant, Kevin McCarthy affirme qu'il "condamne les propos de Marjorie Taylor Greene". Car l'élue trumpiste va très loin. Sa vidéo de campagne parle d'elle même : fusil d'assaut en main, elle affirme vouloir "en finir avec le socialisme et sauver l'Amérique".
Avant son élection, elle avait liké sur Facebook un commentaire selon lequel une "balle dans la tête de Nancy Pelosi", présidente démocrate de la Chambre, serait "la façon la plus rapide pour qu'elle n'occupe plus ses fonctions".
Elle avait également affirmé que plusieurs fusillades dans des écoles et lycées (dont celle du lycée de Parkland en Floride qui avait fait 17 morts) ont été mises en scène pour durcir les lois sur l'encadrement des armes à feu. Une vidéo a refait surface récemment, la montrant en train de harceler et d'attaquer un jeune survivant de la tuerie de Parkland, David Hogg, l'une des figures du mouvement contre les armes à feu.
Marjorie Taylor Greene n'exprime aucun regret et se présente en victime
La républicaine se revendique de la mouvance pro-Trump QAnon, mouvement d'extrême droite selon lequel Donald Trump est en guerre contre une secte mondiale composée de pédophiles satanistes (et démocrates). Non seulement Marjorie Taylor Greene n'a présenté aucun regret sur ses propos durant la campagne 2020, mais elle a réitéré ses accusations sans fondement selon lesquelles l'élection présidentielle avait été volée.
"Nous ne leur devons aucune excuse. Nous ne céderons pas. Nous ne sommes au service que de notre Créateur, et nous ne nous inclinons que devant lui", a-t-elle écrit mercredi sur Twitter.
L'élue de 46 ans a aussi lancé un appel aux dons à ses partisans pour l'aider à financer et organiser sa défense, et "l'aider à sauver son siège". Elle a obtenu 170 000 dollars en seulement deux jours.