Les candidats au poste de gouverneur de Floride incarnent fidèlement les deux Amériques qui s'affrontent et les résultats des élections seront particulièrement observées dans cet État acquis lors de la présidentielle à Donald Trump.
Un combat de boxe, catégorie poids-lourds... En Floride, troisième plus grand État des États-Unis, les élections de mi-mandat sont parmi les plus scrutées du pays.
A droite chez les républicains, Ron DeSantis, 40 ans. Un blanc, issu des grandes universités de l'Ivy League, dauphin revendiqué de Donald Trump à qui il emprunte sa rhétorique, ses outrances.
A gauche chez les démocrates, Andrew Gillum, 39 ans. Un noir fier de ses origines populaires et présenté partout comme le nouvel Obama. L'un fustige les migrants, l'autre veut supprimer les garde-frontières, le premier ne juge que par l'ultralibéralisme, le second ne parle que d'augmenter les aides sociales.
Candidats par procuration des deux Amériques qui s'affrontent
Dans la course si serrée qu'ils mènent pour le poste de gouverneur, ils sont aussi les candidats par procuration des deux Amériques qui s'affrontent, deux candidats aux marges de leur propre parti.

DeSantis est plus trumpiste que traditionnellement républicain, et comme son mentor Donald Trump, il sait aussi flatter l’électorat d’extrême-droite. De quoi déchaîner la colère des partisans d'Andrew Gillum, comme Brenda Jackson, rencontrée à l'un des derniers meetings d'Andrew Gillum :
"En tant que noire du sud des États-Unis, je sais que les racistes adorent DeSantis. Gillum, lui, me fait penser à Barack Obama à ses début, la fraîcheur, l’énergie, l'envie de pousser les gens à agir."
Le camp d'en face n'est pas en reste.

"Gillum n'est qu'un socialiste. Il se croit au dessus de tout, et comme il n'est pas capable d'être constructif, il rapporte tout à la race. Si tu n'es pas d'accord avec lui, c'est que tu es raciste", note David Nelson. Propriétaire d'une petite imprimerie, il participe à la campagne en fournissant gratuitement des pancartes de campagne pour son candidat Ron DeSantis.
Avec lui, il partage la même horreur des migrants, "vous mettez bien un cadenas chez vous pour ne pas qu'on y rentre par effraction, alors nous, c'est pareil, on construit le mur pour ne pas se laisser envahir par des gens qui viennent illégalement pour pomper l'argent des américains qui travaillent dur".
À chaque débat entre les deux candidats, le ton est particulièrement acerbe, et les insultes volent bas. Déjà venu trois fois en Floride en quelques jours pour soutenir les candidats du parti républicain, Donald Trump a lui même traité Gillum de "voleur" et de "corrompu".
Le maire de Talahassee est accusé d'avoir accepté des cadeaux, et la gestion de sa ville fait l'objet d'une enquête du FBI.
Ron DeSantis, lui, est accusé d'accointance avec des groupes de droite radicale.
Entre les deux hommes, la guerre est ouverte, et la bataille d'autant plus impitoyable que le résultat de l'élection en Floride est considéré par tous les analystes comme l'un des indicateurs les plus significatifs de l'élection présidentielle de 2020.