« Ce qui m’a toujours séduit dans le jazz, c’est que c’est une musique de rencontres » , expliquait un jour Clint Eastwood , sur le tournage de Bird , à un auditoire restreint constitué du regretté pianiste Walter Davis Jr et des comédiens Michael Zelnicker (Red Rodney dans le film) et Mario Van Peebles, venu, quant à lui, rendre visite à son ancien employeur (Le Maître de guerre). Et celui-ci d’ajouter à l’intention du futur réalisateur de New Jack City dubitatif : « Tous les jazzmen en sont non seulement capables, mais ils souhaitent constamment jouer avec de nouveaux partenaires. Rien à voir avec le rock, dont le côté formel, figé, m’a toujours indifféré. »
Coïncidence troublante, vingt-trois ans après la sortie très commentée du « biopic » (comme on dit désormais) consacré à Charlie Parker , l’affiche de Jazz in Marciac constitue une spectaculaire illustration des propos du cinéaste américain. A croire que dès sa soirée d’inauguration, qui voitcohabiter d’entrée le Camerounais Richard Bona et l’Afro-américano-argentin Raul Midon , laprogrammation de cette trente-quatrième édition du Newport gersois n’est bâtie que sur unesuccession de rencontres. Avec quelques mano a mano incontournables (Joshua Redman et Brad Mehldau, Michel Camilo et Chucho Valdes, Al Di Meola et Gonzalo Rubalcaba ), des confrontations moins confidentielles mais tout aussi stimulantes (Dave Douglas et Enrico Rava, John Scofield et Mulgrew Miller, Chick Corea et Jean-Luc Ponty ), des hommages (Richard Galliano à Nino Rota, Roy Hargrove à Chet Baker ) et surtout l’invitation lancée, après un premier rendez-vous parisien manqué en 2009, par Ahmad Jamal àYusef Lateef (172 ans à eux deux), qui, à elle seule, justifie d’entreprendre le safari marciacais.

