EN IMAGES - La justice brésilienne a ordonné mercredi la fermeture de toutes les installations des Jeux olympiques de 2016, à Rio, faute de certificats de sécurité. De la Corée du Sud à la Grèce, en passant par Grenoble, le point en images sur la deuxième vie souvent difficile des sites olympiques.
Des infrastructures inaccessibles, jusqu’à nouvel ordre. Au Brésil, la justice a ordonné hier mercredi la fermeture dans les 24 heures de toutes les installations construites pour les Jeux olympiques de Rio en 2016, jusqu'à ce que la mairie présente les certificats de sécurité nécessaires à leur fonctionnement. Pourquoi une telle mesure ? "Pour préserver la sécurité de la population" et éviter le risque de "tragédies", argue le juge, qui rappelle que des spectacles et des festivals sont encore organisés dans certains édifices.
Passé les foulées des athlètes, les vivats des spectateurs et les flashs des photographes, pas forcément évident de maintenir les infrastructures des JO en bonne santé. Retour sur quelques temples des Jeux qui ont su (ou pas) garder une forme olympique.
Rio, fermeture exigée
Les infrastructures des Jeux brésiliens de 2016, les premiers jamais tenus en Amérique du Sud, avaient été vivement critiquées pour leur coût pharaonique : environ 12,5 milliards de dollars (11,2 milliards d'euros). Sans oublier les scandales de corruption qui ont entouré les chantiers. Des installations qui, moins de quatre ans après, sont donc contraintes de fermer au moins temporairement leurs portes, le temps que la sécurité soit garantie par municipalité garantisse leur sécurité.
La mesure touche notamment le Parc olympique de Barra da Tijuca, poumon des JO-2016 dans un quartier touristique de l'ouest de Rio où se trouvent entre autres l'Arène de Rio, le centre de tennis et le vélodrome. Est également concernée la région de Deodoro, un quartier populaire à 40 kilomètres au nord de Copacabana qui avait accueilli des disciplines comme l'hippisme, le rugby, le hockey sur gazon et le canoë-kayak.


Pyeongchang, le désert après les Jeux d'hiver
En 2018, les meilleurs skieurs et snowboarders s’y livraient à une lutte acharnée. Aujourd’hui, on y croise seulement quelques personnes âgées. Difficile reconversion, donc, pour les installations des Jeux Olympiques organisés en Corée du Sud, à Pyeongchang, qui avaient coûté la rondelette somme de 800 millions de dollars.
Le boom touristique sur lequel avait parié le gouvernement n’a pas eu lieu. Cause du désamour pour le site olympique : la frilosité, notamment, des sud-coréens, peu friands des sports d’hiver. Pourquoi ne pas, alors, restaurer les zones boisées, comme le souhaitaient les écologistes ? Car reboiser coûterait aussi cher que le développement initial du site, à en croire le gouverneur de la province, Choi Moon-soon.

Résultat : la neige du Palais des glaces a disparu. Le Centre de glisse, qui accueillait les épreuves de bobsleigh et de luge, est fermé au public, une mesure d’économie car son entretien coûte trop cher selon les autorités provinciales. L'Ovale de Gangneung, bâtiment à l’allure futuriste dont la construction a coûté à elle seule 110 millions de dollars et qui a accueilli le patinage de vitesse, est quant à lui désespérément vide.


Athènes, le gouffre financier
Que faire des stades une fois les Jeux olympiques terminés ? C’est peut-être la question qu’aurait dû se poser la Grèce lors des JO d’été de 2004. Un gouffre financier pour l'État, qui fait partie des plus petits pays à avoir organisés les Jeux olympiques d’été, pour un coût d'organisation estimé entre 9 et 11 milliards d'euros.
À la suite des Jeux olympiques, les autorités grecques ont connu de graves difficultés d’exploitation des équipements sportifs. "Celles-ci étaient liées à l’absence de réflexion sérieuse en amont quant à leur devenir, ainsi qu’à l’incapacité chronique de l’économie grecque à attirer des investisseurs étrangers", analysent les sociologues athéniens Thomas Maloutas et Nicos Souliotis pour le site Metropolitiques.
"La crise économique, survenue six ans après les Jeux, a par ailleurs mis en échec les stratégies politico-économiques d’internationalisation : l’internationalisation d’Athènes et le renforcement du lien entre les banques et les entreprises de construction comme élément moteur d’une économie postindustrielle n’avaient plus aucun sens dans un contexte où le revenu national avait diminué de 25 % en quelques années", poursuivent-ils.



Aujourd’hui, sept des principales infrastructures ont été temporairement confiées à des autorités publiques, deux à des institutions sportives. L'une d'entre elles est louée temporairement pour l’organisation de divers événements, politiques et culturels notamment. Deux sont entièrement abandonnées.
Sarajevo, cimetière olympique
Des sites ravagés. Voilà ce qu'il reste des Jeux olympiques de 1984 organisés à Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine. La guerre de Yougoslavie, à partir de 1991, a laissé ses marques. Des pistes de saut à ski et de luges ont servi de rampes de lancement à roquettes, relate Ouest France. Certains bâtiment ont été convertis en bunkers.



Beaucoup pensent que l'ultime moment de bonheur collectif en Yougoslavie s'est joué là, lors de ces Jeux olympiques d'hiver. "C'était le dernier moment dans cet Etat commun où tout le monde aimait encore son drapeau, son blason (..) Cette région n'est pas prête de revoir un tel élan, une telle envie", témoigne à l'AFP Tomislav Lopatic, 55 ans, quadruple champion de Yougoslavie en biathlon.
L'an dernier, Sarajevo a voulu ranimer la flamme en accueillant le festival olympique de la jeunesse : "Nous voulons créer une nouvelle mémoire, des dynamiques positives qui serviront de base pour des temps meilleurs", résume Abdulah Skaka, le maire de Sarajevo.
Pékin, recalé à l'entretien
Les gouvernement chinois avait déboursé environ 44 milliards de dollars pour que Pékin accueille en grande pompe les Jeux olympiques d'été en 2008. Soit les Jeux les plus coûteux de tout l'histoire des JO. Seulement, une fois la compétition passée, force est de constater que l'entretien des lieux a laissé à désirer. Terrains vagues, stades défraîchis... Des clichés pris en 2018 attestent de la vétusté des installations chinoises :



Grenoble, reconversion plutôt réussie
En février 1968, Grenoble a connu l’effervescence des Jeux Olympiques d’hiver. Plus de 50 ans après, que reste-t-il des infrastructures ? Reconversion assez concluante, relate notamment Le Figaro. Le petit tremplin du Claret, construit à Autrans dans le massif du Vercors est toujours en activité, même s’il n’accueille que peu de compétitions internationales. Mais les pentes de trois tremplins sont toujours dévalés par des skieurs du monde entier, amateurs de sensations fortes, et ce en hiver comme en été.
L’anneau de vitesse, construit à Grenoble pour les épreuves de patinage, fait aujourd’hui le bonheur des amateurs de rollers. D’autres infrastructures, comme le stade et le village olympique, ont eux laissé place à des complexes immobiliers.
Pour le grand tremplin, construit à Saint-Nizier-du-Moucherotte, c’est plus compliqué, note France Bleu Isère, qui a l'occasion du cinquantenaire des Jeux Olympiques l'an dernier a réalisé un vaste dossier compilant de nombreuses images et vidéos. L’infrastructure, laissée à l’abandon au début des années 90, n’est plus aux normes et se désagrège lentement.
